Premier indice de cette indifférence polie, le taux de participation très faible, de 20%, des Français de l’étranger qui ont déjà voté. La présidentielle avait pourtant réussi à les mobiliser à 42% lors du second tour, le 6 mai 2012. Plutôt inquiétant, même l’innovation du vote par internet n’est pas parvenue à décider les expatriés à s’exprimer : à peine 11,80% des inscrits ont opté pour ce choix qui était mis en place pour la première fois dans une élection nationale.
Désintérêt et saturation
L’éloignement du territoire français ne semble pas expliquer à lui seul ce désintérêt. Un premier sondage sur les intentions de vote au premier tour des législatives réalisé par Ipsos / Logica Business Consulting pour France Télévisions, Radio France et Le Monde, révèle qu’une majorité d’électeurs jugent que la campagne « n’est pas très intéressante ».
On peut donc s’attendre à une participation faible, autour de 60%, et craindre que le record d’abstentions établi lors du 1er tour des législatives de 2007 (39,6%) puisse même être battu. Avec comme conséquence, une difficulté supplémentaire pour atteindre les fatidiques 12,5% indispensables pour se maintenir au second tour et la réduction logique du nombre de triangulaires.
Avec un président et un gouvernement qui obtiennent des scores de satisfaction au-delà de 60%, les Français se disaient, au lendemain de l’élection présidentielle, 55% à vouloir donner une majorité à la gauche à l’Assemblée nationale. Cela dit, quand on consulte les forums sociaux ou les commentaires des sites internet, les mêmes Français expriment souvent une saturation vis-à-vis de la politique. Un trop-plein qui s’explique notamment par le fait que, depuis la primaire socialiste à l’automne 2011, le pays est en campagne électorale continue.
De plus, une fois François Hollande élu, les législatives font pâle figure après l’excitation de la présidentielle. Mais les électeurs de gauche auraient tort de croire qu’il ne s’agit que d’une simple formalité. Au vu du rapport de force actuel et en l’absence de raz-de-marée rose prévisible, il est fort possible que le PS doive faire appel à ses alliés, écologistes, radicaux de gauche, mouvement des citoyens, pour gouverner. Si les choses tournent moins bien et qu’il doive faire appel au Front de gauche, le volant de manoeuvre sur les dossiers sociaux s’en trouverait bien rétréci.
Rempart
Du côté de l’UMP, on répète à qui veut l’entendre tous les périls qui menaceraient la France si la gauche décrochait la majorité aux législatives. Appelant à un « vote équilibré », Jean-François Copé affirme : « Nous sommes prêts à une cohabitation […] nous la voulons pour éviter l’irréparable ». Même tonalité chez l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui voit dans le vote UMP comme un rempart contre « les blessures socialistes qui durent, qui durent… ».
Il n’est pas certain que cela suffise à provoquer le sursaut tant espéré à droite comme à gauche d’ici les 10 et 17 juin prochains. Sauf en cas d’écart très ténu après le premier tour qui mobiliserait les électeurs de gauche, les prévisionnistes n’attendent pas de surprise d’importance.
Prudent, le gouvernement socialiste adopte une position qu’on peut qualifier d’attentiste, l’objectif étant d’éviter à tout prix les chausse-trappes. Tout le monde le sait, les premières mesures qui viendront frapper le porte-monnaie de M. Tout-le-Monde, seront prises après les législatives. D’ici là, le gouvernement Ayrault a prudemment choisi de mettre en avant sa réforme des retraites pour les carrières longues ou encore le blocage des loyers lors de la relocation.
Même si à l’UMP, Xavier Bertrand, ancien ministre et candidat dans l’Aisne, assure ne pas sentir « d'enthousiasme, pas de vague pour la gauche », il n’y pas là véritable motif à s’en réjouir dans son camp dans la mesure où, finalement, son constat s’applique aussi bien à la droite. Pour revenir au vote des Français de l’étranger, on peut souligner que Nicolas Sarkozy avait remporté huit des onze circonscriptions de l’étranger lors de la présidentielle alors que pour ce premier tour des législatives le Parti socialiste est en tête dans six de ces circonscriptions, Europe Ecologie-les Verts dans une et l’UMP dans les quatre autres.
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