Gouvernement Ayrault : dix-sept femmes et autant d’hommes aux manettes de la France

Ils devront travailler plus que jamais pour finalement gagner moins. C’est la première mesure qu’a souhaité appliquer le président François Hollande, diminuer de 30% son salaire et celui de ses ministres. Une mesure symbolique qui vaut surtout pour marquer le changement d’époque que vit la France. Mais au-delà du symbole, la nouvelle équipe gouvernementale est attendue sur de nombreux dossiers où elle devra faire ses preuves sans trop de délai.

« L’ensemble du gouvernement est déjà au travail », a assuré ce jeudi dès sa prise de fonction Najat Vallaud-Belkacem, la toute nouvelle ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement. Dix-huit ministres et 16 ministres délégués, chacun est en effet dorénavant en place pour jouer sa partition. Le président Hollande a donné le ton lors de ce premier Conseil des ministres de 45 minutes. Un événement traditionnellement empreint de gravité mais allégée par un côté « rentrée des classes » que consacre la photo de famille sur les marches de l’Elysée, côté jardin. 

Pas de temps à perdre, les dossiers urgents s’accumulent. A peine installés, François Hollande et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, mettent le cap à l’ouest ce vendredi 18 mai, pour se rendre aux Etats-Unis. C’est un plongeon direct dans le grand bain diplomatique : d’abord une rencontre avec le président Obama à la Maison Blanche, suivie d’un sommet du G8 à Camp David et un autre de l’Otan à Chicago.

 
La conquête de l’Ouest

François Hollande fera alors part à ses partenaires de l’Alliance de sa décision de retirer les soldats français d’Afghanistan, fin 2012, deux ans avant la date fixée par l’Otan. Cela devrait passer sans heurt particulier. De plus, sur le dossier économie, la volonté affichée du président français de remettre la croissance au cœur des priorités européennes, au contraire d’Angela Merkel tenante d’une rigueur sans faille, n’est certainement pas pour déplaire à Barack Obama.     
 

D’ailleurs dès son installation au ministère de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici a d’entrée de jeu rappelé que la France ne ratifierait pas le traité européen de discipline budgétaire qu'elle a signé si un volet de croissance n'y était pas adjoint. Autre préoccupation qui figure tout en haut des priorités de Pierre Moscovici, la double crise de l’euro et de la Grèce à un moment où de plus en plus de voix se font entendre pour envisager une sortie de la Grèce de la zone euro.

Au chapitre de l’éducation, Vincent Peillon hérite avec son super ministère, du dossier classé numéro un par le candidat François Hollande. Allocation de rentrée scolaire augmentée de 25% et création de 1 000 postes d’enseignants du primaire dès septembre sont les deux mesures mises en place dans le cadre d’un « plan d’urgence » pour la prochaine rentrée. Quant au retour à la semaine de cinq jours au primaire, le nouveau ministre l'envisage pour la rentrée 2013 après « concertation » a précisé le Premier ministre. Vincent Peillon a affirmé ce jeudi qu’il souhaitait engager la « refondation de l’école de la République ». Le chantier est vaste avec en perspective rapprochée une loi d’orientation et de programmation. Avec à la clé la création de 60 000 postes sur cinq ans.

Retraites, Smic et travail


Les questions des retraites et du salaire minimum sont aussi inscrites en tête des préoccupations des Français et le nouveau ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social, Michel Sapin les cogérera avec la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine. Michel Sapin a annoncé que deux décrets allaient être pris rapidement.

Le premier pour donner un coup de pouce au Smic, le second pour permettre aux personnes qui ont commencé à travailler à 18 ans ou à 19 ans, et ayant cotisé 41 ans, de pouvoir partir à l'âge de 60 ans à taux plein. Toujours sur les retraites, en rappelant que la réforme Fillon n’avait financé les régimes de retraite que jusqu’en 2017, Michel Sapin a laissé entendre qu’il fallait s’attendre à de nouveaux pleurs et grincements de dents. 

Très attendue aussi l’écologiste Cécile Duflot qui a reçu le maroquin de l'Egalité des territoires et du Logement sur le dossier du logement justement. Evoquant « l’immense pénurie de logements, (…) le poids écrasant des loyers dans le budget des ménages » Cécile Duflot a parlé « d’angoisse majeure pour des millions de nos concitoyens ». Elle a annoncé la mise en place rapide de l'encadrement de certains loyers défendu par François Hollande pendant sa campagne.

Cette mesure concernera uniquement les premières locations ou le renouvellement du contrat de location tous les 3 ou 6 ans des logements privés et ce dans certaines régions uniquement (la grande majorité de l'Ile-de-France, une partie de la région Provence-Alpes Côtes d'Azur et de Rhône-Alpes, la côte basque).

Au coeur des inquiétudes des Français, figure évidemment le travail, ou plutôt son manque. Arnaud Montebourg, qui a pris la direction de l'inattendu ministère du Redressement productif, succédant à François Baroin, a un peu les codes de l'exercice.  Après les « félicitations chaleureuses » que lui a adressées le sortant François Baroin, le nouveau ministre a répondu en dressant un bilan accablant de la situation dont il hérite. Il a rappelé que la France avait perdu « 750 000 emplois industriels en dix ans » et « 900 usines en trois ans ». « Le ministère du Redressement productif est le ministère de la reconquête, c'est-à-dire de la création de l'emploi et du sauvetage, le plus possible, des emplois qui risquent d'être perdus », a encore ajouté Arnaud Montebourg bien conscient que la partie qui s'engage sera rude. 

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