France: les passations de pouvoirs, une tradition républicaine

C'est ce mardi 15 mai que François Hollande entre à l'Elysée pour y devenir le 7e président de la Ve république. Cette cérémonie de passation de pouvoirs est une tradition républicaine, soit la troisième sous la Ve République. La première ayant eu lieu le 21 mai 1981.

La passation de pouvoirs de 1981 est celle qui ressemble le plus à celle d'aujourd'hui, dans la mesure où il s'agit d'une alternance de la droite vers la gauche. François Mitterrand arrive et Valéry Giscard d'Estaing s'en va. La veille, le sortant s'est d'ailleurs exprimé à la télévision pour saluer les Français au cours d'une allocution restée célèbre par son côté théâtral, le président sortant concluant son propos par un simple « Au revoir », avant de se lever en laissant derrière lui une chaise vide.

En disant cela, Valéry Giscard d'Estaing voulait surtout faire comprendre qu'il ne disait pas adieu. Et l'allocution est peu restée dans l'Histoire comme l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire. Après un entretien manifestement peu chaleureux de quarante-cinq minutes avec François Mitterrand, Le désormais ancien président sort à pied de l'Elysée, ne pouvant éviter quelques sifflets.

Quant à François Mitterrand, il se rend dans la salle des fêtes. Pour y être proclamé président de la République par le président du Conseil constitutionnel. Il reçoit aussi le collier de grand maître de l’ordre de la Légion d’Honneur. Il prononce un discours ponctué par 21 coups de canon avant de recevoir les honneurs militaires. La suite est connue, avec la célèbre cérémonie du Panthéon où François Mitterrand s'en va seul, rendre hommage au résistant Jean Moulin et au socialiste Jean Jaurès.

1995, la transition apaisée

En 1988, François Mitterrand se succède à lui-même. Il faut en fait attendre deux septennats et 1995, pour que Jacques Chirac arrive à l'Elysée. Il succède à un homme qu'il a combattu pendant toute sa vie politique, et pourtant, cette passation de pouvoir est apaisée. Dans la cour de l'Elysée, la poignée de main est longue et chaleureuse. François Mitterrand est malade et il va mourir moins d'un an plus tard. Il ne fait pas de discours d'adieux. En fait il l'a déjà fait quelques mois plus tôt lors de ses vœux de Nouvel an avec cette phrase restée célèbre : « Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas ».

Pendant son discours d'investiture, Jacques Chirac ne fait pas d’annonce spectaculaire. Il se montre très consensuel et rassembleur. C'est aussi la fonction présidentielle qui veut ça : « Je suis décidé à placer le septennat qui commence sous le signe de la dignité, de la simplicité, de la fidélité aux valeurs essentielles de notre République. Je n’aurai d’autre ambition que de rendre les Français plus unis, plus égaux et la France plus allante, forte de son Histoire et aussi de ses atouts».

2007, la rupture Sarkozy

C'est le début d'un bail de 12 ans à l'Elysée. Un septennat plus un quinquennat. En 2007, la dernière passation de pouvoir en date, entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Elle est un peu particulière puisqu'elle se fait entre deux hommes qui sont issus du même parti et pourtant, Nicolas Sarkozy a fait campagne sur la rupture, sur son dynamisme et son énergie.

Il arrive d'ailleurs avec deux minutes d'avance sur l'horaire prévu. Après avoir raccompagné Jacques Chirac qui part sous les vivats d'un personnel en larmes, Nicolas Sarkozy annonce ses priorités et ce qui sera l'une des caractéristiques du début de son quinquennat, l'ouverture : « A tous ceux qui veulent servir la France, je dis du fond de mon cœur que je suis prêt à travailler avec eux. Je ne leur demanderai pas de renier leurs convictions, je ne leur demanderai pas de trahir leurs amitiés. Je ne leur demanderai pas d’oublier leur histoire».

De cette cérémonie, on retiendra aussi son côté moderne avec, en vedette, la famille recomposée du chef de l'Etat, avec son épouse de l'époque, et ses deux filles d'une précédente union, ses deux fils d'une précédente union à lui, et leur fils commun. Le protocole en avait été quelque peu bousculé. L’entourage de François Hollande a bien pris soin de faire savoir que les enfants du nouveau président ne participeront pas à cette cérémonie. Encore une façon de souligner un changement de style.

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