Avec notre envoyé spécial à Tulle, Florent Guignard
Ce fut la Corrèze, c’aurait pu être ailleurs, mais aux législatives de 1981, ils n’étaient pas nombreux, les candidats à la défaite, prêts à défier Jacques Chirac sur ses terres. Un jeune énarque de 27 ans s’y est risqué, « aussi connu que le chien de François Mitterrand », selon l’expression chiraquienne désormais célèbre.
Bien sûr, Jacques Chirac avait gagné. François Hollande aurait pu repartir, il a préféré rester. En politique, il faut se trouver des racines, un ancrage électoral. Mitterrand c’était la Nièvre et le Morvan, pour Hollande, ce sera donc la Corrèze. Hollande fait du Mitterrand, et il fait aussi du Chirac, direct, blagueur, serrant des mains à tour de bras, il connait le prénom de chacun, et devient le chouchou des mamies qui s’agrippent à lui lorsqu’il les croise sur le marché de Tulle le samedi matin.
Député, maire, président du département. Longs trajets en voiture et courtes nuits dans le petit appartement au-dessus de sa permanence. Aujourd’hui, les trajets se font en avion. François Hollande est devenu président. La boucle est bouclée : c’est à Tulle, il y a un peu plus d’un an, qu’il a lancé sa candidature. Il a réalisé ici l’un de ses meilleurs scores (63% des voix dans le département au second tour).
La Corrèze n’est pas socialiste, la Corrèze est hollandaise, comme elle avait été chiraquienne.