Présidentielle : François Hollande a été plébiscité par les jeunes et la classe ouvrière

Quelques jours après le scrutin du dimanche 6 mai et alors que le Conseil constitutionnel vient de proclamer les résultats officiels, les sondages dressent le portrait sociologique des électeurs de François Hollande et de Nicolas Sarkozy. 60% des jeunes et 70% des ouvriers ont préféré voter pour le candidat socialiste. Le président sortant a trouvé davantage d’électeurs chez les retraités et les classes supérieures.

La gauche française semble renouer avec la classe ouvrière. C’est en tout cas ce qui ressort de plusieurs études menées au lendemain de l’élection présidentielle. Selon un sondage CSA publié dans le journal l’Humanité, 60% des membres des catégories populaires ont voté en faveur de François Hollande au second tour de l'élection présidentielle, 40% pour Nicolas Sarkozy. La popularité du socialiste est encore plus forte auprès des ouvriers (70% contre 30% pour le président sortant). Elle est moindre, en revanche, chez les employés (57% pour le candidat PS contre 43% pour Sarkozy).

Sarkozy, candidat des riches

Le succès du candidat socialiste auprès des catégories populaires est confirmé par l’étude Viavoice publiée dans le quotidien Libération. « Il y a une corrélation très forte entre le niveau de revenu et le vote : Sarkozy n’est majoritaire que chez ceux gagnant plus de 3 500 euros par mois », résume Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences-Po, interrogé par Libération. Nicolas Sarkozy séduit en effet un électorat financièrement plus aisé. Son électorat est âgé, appartient aux catégories socioprofessionnelles les plus élevées ou ayant un statut d’indépendant : cadres supérieurs, professions libérales, agriculteurs, commerçants, artisans et chefs d'entreprise.

Hollande, président de la jeunesse

Autre marqueur important de cette élection : l’âge des électeurs. Selon le sondage Viavoice, 60% des jeunes entre 18 et 24 ans ont préféré le candidat socialiste à Nicolas Sarkozy. « C’est une question de génération », note Bruno Cautrès. « Le sociologue Louis Chauvel avait déjà souligné que si les plus de 68 ans n’avaient pas eu le droit de vote en 2007, Ségolène Royal aurait été élue en 2007 », rappelle Bruno Cautrès.

François Hollande séduit davantage que Nicolas Sarkozy dans les métropoles. Il est arrivé en tête des suffrages dans 17 des 20 plus grandes villes de France, tandis que le candidat sortant s'impose seulement à Nice, Toulon et Aix-en-Provence, indique France Télévision.

La géographie du vote

Entre le premier et le second tour, la carte électorale n’a pas connu d’évolution majeure. François Hollande arrive en tête dans 65 départements ou collectivités d’outre-mer. Il obtient ses meilleurs scores en Guadeloupe (71,94%), à La Réunion (71,49%) et en Martinique (68,4%). En France métropolitaine, la Seine-Saint-Denis, l’Ariège et la Corrèze - son département d’adoption - lui ont donné une large majorité, autour de 65% des suffrages.

La géographie du vote de Nicolas Sarkozy s’est resserrée. Elle dessine un arc de cercle partant de la Vendée, remontant au nord de Paris, pour couvrir la part est de la France jusqu’en Méditerranée. Nicolas Sarkozy y réalise d’ailleurs sa meilleure performance, avec 64,31% des voix dans les Alpes-Maritimes.

Le report de voix

Le sondage CSA permet aussi d'analyser le report des voix des électeurs du Front national. Les catégories populaires qui ont voté Marine Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle ont majoritairement voté blanc au second tour (38%). 35% ont choisi de voter pour Nicolas Sarkozy contre 27% pour Hollande.

Au contraire, les électeurs populaires de Jean-Luc Mélenchon ont massivement choisi Hollande au second tour (71%) contre 2% pour Sarkozy. 27% ont préféré voter blanc. Quant aux ouvriers et employés qui avaient d'abord choisi François Bayrou, ils n'ont clairement pas imité leur candidat qui s'est prononcé en faveur du socialiste. 46% ont choisi de voter blanc, 33% ont voté Sarkozy, 21% Hollande.

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