Et s’il y allait finalement avoir un match ? Eliminés tous les deux au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon pourraient se retrouver face à face lors des élections législatives des 10 et 17 juin prochains dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais (Hénin-Carvin). Battue de peu dans cette même circonscription lors des législatives 2007 face au député PS sortant Albert Falcon (28,83% au 1er tour, 47,62% au 2e tour), la présidente du Front national compte bien y conquérir pour la première fois dans sa carrière politique un siège à l’Assemblée nationale, à la tête du Mouvement bleu marine, d'autant que la Fédération socialiste locale a été suspectée de malversations.
L’entrevue de Bruxelles
Annoncé comme possible candidat dans l’Hérault, à Paris ou à Marseille, Jean-Luc Mélenchon aurait dans l’idée d’aller défier Marine Le Pen dans son « fief », selon une information divulguée par La Voix du Nord datée de ce jeudi 10 mai. D'après le quotidien régional, le leader du Front de gauche - lequel, comme Marine Le Pen, est actuellement député européen – aurait rencontré le patron du Parti communiste local, Hervé Poly, mercredi à Bruxelles, pour discuter de sa possible candidature dans le Nord.
S’il se matérialisait, le pari serait à la fois osé et risqué pour Jean-Luc Mélenchon. D’une part parce qu’il a fait un score moins élevé que prévu à la présidentielle (11,10%), à l’inverse d'une Marine Le Pen dont les 17,90% ont créé un électrochoc et pesé sur l’entre-deux-tours. Et d’autre part parce que cette dernière bénéfice d’une assise relativement solide sur un territoire dont elle est conseillère régionale depuis mars 2010, après l’avoir déjà été de 1998 à 2004. Le 22 avril, lors du premier tour de la présidentielle, elle avait d’ailleurs recueilli 35,48% suffrages dans la ville d'Hénin-Beaumont contre 15,76% à son possible adversaire.
Réponse samedi ?
La candidature Mélenchon dans le Nord semble être, en fait, autant animée par l'envie de croiser le fer avec une personne qu’il déteste, sentiment qui est mutuel, que par une tactique élaborée de longue date. Le 23 février dernier, Marine Le Pen avait refusé de débattre avec l’ancien sénateur de l’Essonne lors de l’émission « Des Paroles et des Actes », une scène de cache-cache un peu ridicule qui avait été l’un des « buzz » de la campagne sur internet et ailleurs.
« Rien n’est tranché », a fait savoir l’entourage de Jean-Luc Mélenchon. Une « décision nationale » sera prise samedi 12 mai, annonce-t-on du côté du Front de gauche, sachant que, au départ, la candidature devait revenir à un représentant du Part communiste (PCF) et que la date-butoir pour le dépôt des candidatures est fixé au 16 mai.
« Mélenchon est totalement obsédé par la présidente du Front national », a pour sa part déclaré à l’AFP Steeve Briois, conseiller municipal d’Hénin-Beaumont sous l’étiquette FN. « Cette obsession de Marine Le Pen tourne au ridicule et rend Mélenchon parfaitement grotesque », a-t-il ajouté. Deux choses sont sûres, un éventuel duel Le Pen - Mélenchon dans le Nord bénéficierait d'une audience nationale et son résultat aurait des répercussions considérables pour le vainqueur comme pour le vaincu.