Le premier dossier auquel devra s’atteler le nouveau chef de l’Etat est celui de l’emploi. Il devra se pencher en priorité sur les dossiers emblématiques qui n’ont pas été réglés comme notamment ceux du site PSA d’Aulnay-sous-Bois, de Petroplus, de Neo Sécurité ou encore de la Fnac.
Il devra également tenter d’éviter une vague de plans sociaux, qui ont été différés pendant la campagne et qui pourraient tomber après le 6 mai. Les sociétés Carrefour, Nestlé et Groupama auraient dans les tiroirs des projets de plans sociaux, à des stades plus ou moins avancés.
Un terrain plus que glissant alors que le chômage continue de monter en France. Les derniers chiffres publiés par le ministère du Travail sont éloquents : on dénombre plus de 700 000 demandeurs d’emploi supplémentaires dans la catégorie A, autrement dit les chômeurs n’ayant pas du tout travaillé. Le plus haut niveau depuis septembre 1999.
Réduction des déficits et croissance
Qui dit chômage en hausse, dit récession, dit recettes fiscales en baisse, dépenses sociales en hausse, et objectif de déficit plus difficile à atteindre. Et pourtant le nouveau président élu va devoir continuer à réduire le déficit budgétaire.
S’il veut ramener le déficit à 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2013 contre 5,2% aujourd’hui, le nouveau président va devoir trouver près de 40 milliards d’euros supplémentaires en deux ans. Et un peu plus de 100 milliards au total s’il veut atteindre l’équilibre d’ici à la fin du quinquennat. Avec un objectif, continuer d’emprunter sur les marchés à des conditions toujours satisfaisantes c’est-à-dire à un taux de 3% sur dix ans.
Réduction des déficits, mais pas seulement. Il va falloir de la croissance, c’est tout le paradoxe et la difficile tâche qui attend le prochain président. Faire de l’austérité, sans casser la croissance, réaliser des réformes structurelles et sortir de la crise. Voilà à quel prix, la France pourra relancer son économie.
Vers un pacte de croissance
Tout cela dans un contexte européen très déprimé où la crise de la dette dans la zone euro, la spéculation sur les obligations d’Etat espagnoles et italiennes est repartie sur les marchés. Un signe que la stratégie axée sur la rigueur mise en place depuis 2010 par le couple franco-allemand est loin de faire ses preuves.
Ensemble, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont impulsé un pacte qui impose la rigueur budgétaire à tous les 27 pays membres. C'est cette stratégie que François Hollande met en cause. Il souhaite rajouter une sorte de « pacte de croissance et de l'emploi », ce qui est loin de déplaire à la Grèce, à l'Espagne ou à l'Italie très éprouvées par une politique de rigueur depuis deux ans.
Pour sa part, la chancelière allemande a répété qu'elle ne veut pas renégocier cet accord, déjà signé par 25 Etats membres. Dès le lendemain de son élection, François Hollande, s’il est élu, enverra une lettre détaillée à la chancelière allemande pour expliquer ses objectifs en matière de relance de la croissance en Europe. Cette question devrait largement être abordée dès le 31 mai à l’occasion du sommet informel des chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays de l’Union européenne consacré à la croissance.