Où sont passées les nouvelles technologies dans la campagne présidentielle ? Facebook, Twitter, Flickr : les partis politiques, ainsi que les sympathisants se sont tous saisis des nouveaux outils qu’offre internet. Certes, des différences de moyens expliquent les différentes stratégies utilisées. Outre les sites officiels des partis, des sites spécifiques voient le jour (site lafranceforte.fr, toushollande.fr, aveceva.fr). Du côté des sympathisants, des sites parodiques prennent la relève, soutenus financièrement pour certains, par les partis eux-mêmes : La vraie timeline, ou Sarkolol, un site humoristique qui propose aux internautes de voter pour leur « affaire », leur « dérapage » préféré du quinquennat, ou encore le site Kikadikoi. Mais cette avalanche d’offres va dans un seul sens : mobiliser l’opinion.
Peu de dialogue ascendant, des citoyens aux candidats
Dailymotion a soumis l’idée d’un débat diffusé via le web, ce qui permettrait de contourner les contraintes de temps de parole imposé par le CSA à la télévision : pas de date pour le moment et pas d’accord de l’ensemble des candidats pour y participer. Il semble que la télévision garde dans cette campagne le « monopole du cœur » auprès des candidats mais aussi auprès du grand public. Un sondage CSA effectué pour le groupe Orange indique que pour les Français, la télévision reste la principale source d’information à 74%, internet se classant en deuxième position à 40%. Et d’une campagne web 2.0 qu’on nous annonçait, il ne reste que le débat entre électeurs, notamment sur Twitter, mais peu de dialogue ascendant, des citoyens aux candidats. La blogosphère, elle, a été délaissée par la sphère politique, peut-être aussi parce que ces espaces sont désormais occupés par des journalistes, des politiques eux-mêmes. Pour atteindre le public, il n’est plus besoin de passer par la blogosphère : un compte Twitter et un compte Facebook suffisent.
Internet comme thème de campagne
Que dire du numérique en tant que thème de campagne ? Nicolas Sarkozy qui a pourtant instauré le Conseil national du numérique ne s’est toujours pas saisi de cette thématique. Durant le quinquennat pourtant Nathalie Kosciusko-Morizet puis Eric Besson s’étaient vus confier respectivement un portefeuille de secrétaire d’Etat ou de ministre de l’Economie numérique. Les autres candidats à l’élection présidentielle française ne sont pas plus bavards sur le sujet. Ils semblent méconnaître le monde des nouvelles technologies et le perçoivent comme un univers à part. L’open-data, l’e-santé, l’enseignement, la fracture numérique, les libertés individuelles ou l’échange de données numériques ne mobilisent pas les partis politiques qui n’ont pas de position déterminée sur le sujet. Une série d’enjeux pourtant bien réels puisque le secteur très en prise avec la réalité de nos quotidiens est indubitablement porteur de croissance économique.
Au minimum, les candidats se sont prononcés sur la loi Hadopi. Le parti socialiste annonce sa fin prochaine, l’UMP de son côté promet une évolution de la loi. Pour le Modem et le Front de gauche, le débat est dépassé. Exit donc la discussion sur le téléchargement des œuvres sur internet, les droits d’auteurs, la licence globale et la taxation des fournisseurs d’accès internet. Après le tremblement WikiLeaks et la vague Anonymous, c'est un silence retentissant.