Physicien français né en Algérie, Adlène Hicheur est emprisonné depuis près de deux ans et demi, malgré des garanties de représentation et aussi le soutien de plusieurs centaines d'intellectuels, de chercheurs, dont le prix Nobel de Physique, l'Américain Jack Steinberger, de collègues et d'amis d'Adlène Hicheur, regroupés dans un comité de soutien international, sous la présidence de Jean-Pierre Less, chercheur et enseignant au laboratoire de physique des particules d'Annecy, dans l'est de la France.
Des procédures d'exception au nom de la lutte antiterroriste
Une détention provisoire exceptionnellement longue et symptomatique, pour son avocat Patrick Baudouin, de procédures d’exception qui au nom de la lutte antiterroriste bafouent les droits fondamentaux dont la présomption d’innocence.
« Il n’y a pas, dit-il, le moindre début d’intention de mise en œuvre concrète d’un projet, d’aide ou de participation à une action terroriste. Rien. » Rien d’autre que des courriels échangés avec un cadre présumé d’al-Qaïda au Maghreb islamique ; des écrits pour le moins discutables quand le prévenu désigne comme une cible un bataillon de chasseurs alpins engagés dans la guerre d’Afghanistan. Mais des écrits qui relèvent d’opinion pour Me Baudouin.
Le fichier Cristina pointé du doigt
Sauf à considérer que l’adhésion intellectuelle à un islam rigoriste constitue en soi un acte de violence, voire le simple fait d’être musulman comme le redoute Halim, l’un des frères de Adlène Hicheur en pointant le fichier Cristina du contre-espionnage français : «On apprend que des dizaines de milliers de musulmans chaque année sont fichés comme représentant un risque potentiel pour le territoire. Pourquoi ? Parce qu’ils vont en pèlerinage à La Mecque. C’est pas acceptable».
Le procès d'Adlène Hicheur s'ouvre ce jeudi après-midi, pour deux jours et dans un climat difficile, très alourdi par les tueries de Toulouse et Montauban. L'accusé encourt jusqu'à dix ans de réclusion.