Un pistolet-mitrailleur Sten, un revolver Python, un fusil à pompe et un fusil mitrailleur Uzi ainsi que trois pistolets Colt 45, c’est un véritable arsenal qu’avait réussi à se constituer Mohamed Merah, l’auteur des sept meurtres de Toulouse et Montauban abattu par les policiers du Raid, jeudi 22 mars, à son domicile toulousain. Bien que simple bénéficiaire du RSA (Revenu de solidarité active), soit 475 euros mensuels, le tueur se serait procuré pour environ de 20 000 euros d’armes et de munitions provenant de plusieurs cambriolages et attaques à main armée.
Augmentation constante
Si la législation sur la détention d’armes est assez stricte et restrictive en France (2,1 millions de détenteurs - dont les deux tiers sont des chasseurs - sont recensés au fichier national Agrippa), le commerce illégal est en expansion constante grâce au marché noir. Suivant les sources, le nombre d’armes illégales en circulation en France se situerait entre 3 et 7 millions selon la police, mais il pourrait se chiffrer à 10 millions, voire plus d’après certains spécialistes. Pour donner une échelle, l’Office central de lutte contre le crime organisé n’a saisi que 1 487 armes à feu durant l’année 2009 ; c’est dire l’ampleur de la tâche à laquelle sont confrontées les autorités.
De plus en plus, ce sont des armes de guerre, comme des Kalachnikovs (dont les chargeurs peuvent contenir jusqu’à 250 cartouches), qui sont privilégiées par les malfaiteurs. Ce fut notamment le cas lors d’une cascade de règlements de compte survenus au mois de novembre à Marseille. Provenant souvent des pays de l’ex-Yougoslavie, ces fusils-mitrailleurs se négocient entre 1 000 et 2 000 euros au marché noir, suivant leur état. En plein essor, les trafics risquent fort de s’amplifier encore, favorisés par la chute de régimes surarmés comme par exemple celui de Mouammar Kadhafi en Libye.
Autre phénomène relevé dans un rapport parlementaire publié en 2010, celui de la « mutualisation des armes », lesquelles peuvent être stockées dans des caches et mises à la disposition d’individus d’une même bande ou d’un même quartier pour commettre des méfaits. Bien qu’un durcissement des lois et un alourdissement des peines ait été décrété en 2011 par le pouvoir politique à l’encontre des détentions illégales d’armes, ces nouvelles mesures se sont pour l’instant avérées inefficaces.
Sévère mais inefficace
« Nous avons déjà l’une des législations les plus sévères en Europe sur les armes et cela n’a pas empêché de les voir arriver sur le territoire », reconnaît Mohamed Douhane, responsable du syndicat de police Synergie-officiers interrogé par l’AFP. Selon lui, seule une meilleure traçabilité et un contrôle accru au niveau européen permettrait d’endiguer la prolifération des armes en France. En attendant, le fait qu’elles soient déjà présentes par centaines de milliers sur le territoire n’incite pas à l’optimisme, après les tragédies de Toulouse et de Montauban.