Le secret du vote de Châteaudun : sa diversité
Y a-t-il un secret du vote de Châteaudun, ville témoin, ville thermomètre politique de la France? Pas vraiment. Selon Serge Fauve, conseiller général du canton de Châteaudun, l’explication de ce phénomène n’a rien d’extraordinaire. Ce qui caractérise Châteaudun, c’est sa grande diversité. On y retrouve en concentré les mêmes catégories de population qu’ailleurs en France.
Châteaudun est située au cœur de la Beauce, importante région agricole, nous y avons donc affaire à une population typiquement rurale. Mais la ville elle-même a une forte tradition industrielle et malgré une série de restructurations, un certain nombre de ses habitants ont réussi à garder leurs emplois d’ouvriers. Ils vivent dans les quartiers anciens, tels que Saint-Jean et les Martineaux, ainsi que dans les « nouveaux quartiers » de l’autre côté de la voie ferrée. Les cités HLM de cette partie de Châteaudun, en rénovation actuellement, ont accueilli dans les années 1970 beaucoup de travailleurs venus du Maroc et de la Turquie. La population du centre-ville autour de la mairie est, quant à elle, composée plutôt de commerçants et de retraités des professions agricoles.
Forcément, au moment des élections, cette diversité se retrouve dans les bureaux de vote. Et l’on constate à ce moment que les quartiers du centre-ville votent beaucoup plus à droite, tandis que les quartiers périphériques penchent plutôt à gauche. Au final, la moyenne de ces votes correspond à la moyenne nationale française.
Châteaudun, miroir de la France
A Châteaudun, toutes les tendances politiques sont représentées. Les Dunois ont les mêmes inquiétudes que le reste des Français et ils ressentent la crise aussi douloureusement que tout le pays. Ils ne se plaignent pas de l’insécurité. Leurs préoccupations premières restent l’emploi et le pouvoir d’achat. Le canton de Châteaudun souffre de la désindustrialisation qui a débuté il y a déjà 25 ans. Ces dernières années, le coup le plus dur a été le départ en Europe de l’Est de l’usine Flextronics. Plusieurs centaines de ses salariés se sont retrouvés au chômage. Aujourd’hui à Châteaudun, il ne reste qu’une seule grosse entreprise, Paulstra, qui fabrique des pièces pour l’automobile. Il y a aussi une série de petites entreprises industrielles, surtout dans le secteur du bâtiment, une base aérienne qui est le premier employeur du bassin et qui compte 800 agents, l’hôpital, la mairie, le centre des impôts.
Mais la crise n’épargne personne. Les revenus des Dunois sont plus faibles que la moyenne nationale, les augmentations du coût de l’énergie ont fragilisé les seniors et les ménages modestes. Beaucoup sont surendettés et les services sociaux de la ville, qui suivent actuellement 800 familles en difficulté, n’arrêtent pas d’enregistrer de nouvelles demandes.
Avenir de Châteaudun
L’agglomération à beaucoup d’attraits et son avenir est loin d’être compromis. Châteaudun est une ville agréable et tranquille. Elle a un beau quartier historique, avec un magnifique château, de nombreux terrains de promenades au bord du Loir, une intense vie associative et surtout une classe politique qui sait surmonter ses divergences pour travailler ensemble en faveur du bien-être local. C’est notamment grâce à l’action concertée de tous les élus d’Eure-et-Loir que Châteaudun doit voir prochainement l’installation de deux nouvelles entreprises. Des dizaines d’emplois en perspective et un petit rayon de soleil dans le ciel dunois, assombri par la crise.