Autisme : la psychanalyse mise sur la touche par un rapport de la Haute Autorité de santé

En France, la psychanalyse vient de perdre une bataille. Dans le rapport sur la prise en charge des enfants et des adolescents atteints d’autisme, rendu publique ce jeudi 8 mars, la Haute Autorité de santé estime que la pertinence des approches psychanalytiques dans le traitement des troubles envahissants du développement n’est pas démontrée.

La lutte autour de l’autisme, pathologie qui touche en France un enfant sur 150, dure depuis plus de 30 ans. D’un côté il y a des psychanalystes pour lesquels il s’agit d’un trouble psychiatrique affectif. Et de l’autre, des partisans d’une approche éducative qui considèrent l’autisme comme un handicap de nature neurologique. La Haute Autorité de santé (HAS) a décidé de trancher. 

Dans leurs recommandations de bonne pratique sur la prise en charge des enfants et des adolescents souffrant de l’autisme, la Haute Autorité de santé a critiqué ce jeudi les approches psychiatriques d’inspiration psychanalytique, sans toutefois les mettre à l’index. La Fédération Française Sésame-Autisme a lu le rapport et s'avoue déçue par le flou du rapport.

Le rapport de la Haute Autorité de santé indique des techniques recommandées pour le traitement de l'autisme, notamment les approches éducatives et comportementales. Jean-Luc Harousseau, président de la Haute Autorité de santé a confirmé que ce rapport représentait une étape importante dans la prise en charge de la maladie en estimant que « rien ne sera plus comme avant » et en affirmant que les « psychiatres doivent se remettre en question ».

Dans ce rapport, plusieurs points importants soulevés par les association de parents d'enfants autistes sont évoqués. Tout d'abord la méthode très décriée du « packing » qui consiste à envelopper la personne autiste dans un linge humide pour lui faire prendre conscience des limites de son corps, est condamnée. La HAS a effectivement considéré qu'il n'y avait pas de données réelles sur l'efficacité et la sécurité de telles pratiques. Autre élément de taille, le rapport indique qu'il n'y a pas de liens entre les caractéristiques psychologiques des parents et la survenue de la maladie, mettant ainsi fin aux discours culpabilisateurs de certains médecins. Enfin, la HAS exclut le lien qui pourrait exister entre le vaccin rougeole-oreillons-rubéole et l'autisme ou autres troubles envahissants du développement.

Depuis quelques mois, une bataille juridique fait rage autour d'un documentaire intitulé Le Mur. Condamnée pour dénaturation des propos des interviewés par le Tribunal de grande instance de Lille, la cinéaste Sophie Robert dénonçait le discours culpabilisateur de certains psychanalystes de renom, ainsi que la prise en charge inadaptée de l'autisme par la psychanalyse. Chercheurs, parents, pédiatres, psychiatres, psychanalystes se sont donc affrontés dans des conceptions aussi passionnées que divergentes autour de cette pathologie. Le rapport de la Haute Autorité de santé appporte sa pierre à l'édifice, sans que l'on ne puisse dire toutefois que le débat est clos.

Pour en savoir plus :

→ Le site de l'association Vaincre l'autisme
→ Conférence de presse du psychanalyste Jacques-Alain Miller : les vidéos mises en ligne sur le site de la revue La règle du jeu
Site officiel du colectif de soutien au film Le Mur

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