Les syndicats de magistrats réagissent vivement aux propositions de Nicolas Sarkozy

Lors d'une réunion publique à Bordeaux, le président français Nicolas Sarkozy a lancé une salve de propositions sur la justice, se prononçant notamment pour un droit d'appel des victimes pour les décisions des cours d'assises, pour la détention provisoire et l'exécution des peines. Des propositions « invraisemblables », estiment les syndicats de magistrats.

Les propositions du président candidat de Nicolas Sarkozy sur la justice sont « un vieux truc réchauffé », disent d'une même voix tous les syndicats de magistrats. Matthieu Bonduelle, président du Syndicat de la magistrature (SM), juge ainsi « invraisemblable » la proposition d'étendre les jurys populaires à la détention provisoire estimant que « le président n'a pas retenu la principale leçon d'Outreau » (*).

Christophe Régnard, de l'Union syndicale des magistrats (USM), dénonce « le populisme de la proposition » consistant à rendre impossible toute libération conditionnelle avant les deux tiers de sa peine. « Cela aurait des effets sur la surpopulation carcérale », met-il en garde.

Quant au droit d'appel des victimes en cours d'assises, souligne Matthieu Bonduel, c'est revenir à la vengeance privée plutôt qu'à la justice étatique : « Ce que propose monsieur Sarkozy, c’est de mettre la victime sur le même plan que le procureur qui, lui, représente toute la société. C’est une aberration philosophique, c’est une régression sans précédent. On voit bien qu’il envoie des signaux à l’Institut pour la justiceCe lobby ultra sécuritaire envoie depuis plusieurs mois à tout le monde des vidéos pour instrumentaliser la cause des victimes ».

Dans le monde judiciaire, seul cet Institut pour la justice, proche de la droite populaire, s'est réjoui de la proposition d'offrir un large droit d'appel aux victimes, affirmant même qu'il s'agissait d'annonces « considérables ».
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(*) Procès d'Outreau: les acquittés accusent. Article RFI 19/1/2006.

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