Pour mettre un terme à ce que ses avocats appellent un « lynchage médiatique », Dominique Strauss-Kahn réclamait depuis des mois cette audition. C'est chose faite ce 21 février. Sauf que dès son arrivée à la caserne de gendarmerie lilloise, les policiers lui ont signifié sa garde à vue pour « complicité de proxénétisme » et « recel d'abus de biens sociaux ». DSK a été rejoint une heure plus tard par son avocate, Me Frédérique Baulieu.
Face aux policiers lillois, Dominique Strauss-Kahn va devoir convaincre de sa bonne foi et prouver qu'à aucun moment il n'a su que les femmes, qui participaient aux soirées libertines qu'il affectionnait tant, étaient en fait des prostituées.
L'affaire du Carlton de Lille a débuté après l'arrestation de «Dodo la Saumure», un proxénète français, installé en Belgique. L'interpellation a mis au jour un vaste réseau de prostitution. A cette occasion, les policiers ont aussi découvert que le responsable de la sécurité départementale du Nord, Jean-Christophe Lagarde, organisait des déplacements de prostituées à Paris et à Washington pour satisfaire un homme, Dominique Strauss-Kahn, alors directeur du FMI. Des virées financées par une filiale du groupe de BTP Eiffage.
La question d'éventuelles contreparties devrait donc également lui être posée. La garde à vue de Dominique Strauss-Kahn peut théoriquement se prolonger jusqu'à 96 heures, mais devrait plutôt se limiter à 48 heures. Huit personnes ont déjà été mises examen dans ce dossier pour proxénétisme aggravé en bande organisée.