Comme chaque année depuis 2004, le Marché mondial de la musique s’est de nouveau contracté l'an dernier, malgré une hausse des ventes numériques, selon la Fédération internationale de l'industrie phonographique (Ifpi). Le chiffre d'affaires global a atteint 16,2 milliards de dollars, contre 16,7 milliards en 2010, soit une baisse de 3% sur un an. En revanche, les téléchargements payants ont augmenté de 8% à 5,2 milliards de dollars.
En 2011, le marché français a, lui aussi, enregistré une baisse entre 3% et 5% par rapport à 2010, des chiffres qui restent toutefois meilleurs que les années précédentes. Depuis près de dix ans, le marché français a, en effet, chuté de moitié. Il s’établit aujourd’hui à 550 millions d’euros, selon les chiffres du Syndicat français de l'édition phonographique (Snep). Si les ventes des disques physiques ne cessent de s'effondrer en France, celles par téléchargement ont progressé de 15%, tandis que les revenus du streaming (hors 3G) ont augmenté de 45%.
Les ventes de musique en ligne en hausse
Pour David El Sayegh, le directeur général du Snep, le marché de la musique numérique constitue aujourd’hui un véritable relais de croissance pour l'industrie du disque : « L’année 2011 est une année de transition avec deux phénomènes. D’une part, la forte progression du numérique et, d’autre part, la baisse des supports physiques. Dernier point, l’explosion des offres d’abonnement en streaming qui représentent plus d’un tiers des revenus de l’industrie du disque en France. En 2013, le numérique devrait prendre le pas sur les formats physiques ».
Aujourd’hui, 15 millions de titres sont disponibles légalement sur internet et l’on compte une quarantaine de plates-formes légales où l’on peut télécharger gratuitement ou en payant. On peut également écouter de la musique via des abonnements.
Certes, Myspace a disparu, mais des sites comme YouTube, Deezer qui permettent d’accéder librement à de grands catalogues en ligne, sont très présents. Il faut également compter avec les réseaux sociaux. Facebook mais aussi Google qui proposent des fonctionnalités qui permettent de partager en direct avec des amis, les morceaux que l’on écoute sur son ordinateur via des plates-formes de streaming. En 2011, le téléchargement légal a rapporté 120 millions d’euros à l’industrie française du disque.
L’Hadopi versus licence globale
Pour les majors du disque (BMG, EMI, Sony Music, Universal, Warner), ce n’est pas la dématérialisation du disque qui est à l’origine de la crise actuelle, mais bien le piratage. Les sites de téléchargement illégal de musique en ligne (réseaux peer-to-peer) et la copie de CD à partir d’un simple ordinateur ont, en effet, désorganisé, depuis plusieurs années, la filière disque.
Pour affronter cette récession, les maisons de disques ont engagé des mesures de redressement qui se sont traduit, en France, par la réduction d’environ 20% à 25% des effectifs. Si EMI-Virgin et Universal ont lancé des plans sociaux, d’autres comme BMG et Sony Music ont choisi de rapprocher leurs activités musique.
Mais pour le président du Snep, David El Sayegh, la surveillance de l’Hadopi, la Haute autorité qui a pour mission de protéger les droits d’auteur, commence à porter ses fruits : « Le nombre d’utilisateurs de peer-to-peer a chuté de 30% en l’espace d’un an, dans le même temps, on a gagné plus de 2 millions de visiteurs uniques sur les offres légales. Aujourd’hui, c’est donc possible de réguler l’internet. Dernier exemple en date : la fermeture du site américain de téléchargement Megaupload ».
Mais les internautes français sont, pour la plupart, hostiles à la loi Hadopi. Pour eux, la solution de la licence globale semble plus adaptée. Une licence qui pourrait prendre la forme d’une contribution des abonnés et d’une taxation des fournisseurs d’accès et de matériel.
La piraterie musicale n’explique pas seule la crise, d’autres facteurs expliquent la chute des ventes : prix du disque, qualité de l’offre, budget non extensible du poste loisirs des consommateurs, nouveaux modes de consommation de musique. Une évolution du marché que les dirigeants des grandes maisons de disques n'ont pas su anticiper en temps et en heure.
Pour en savoir plus :
Le site du Midem
Le site de l’Ifpi
Le site du Snep
Le site de l'Hadopi
Le site de la licence globale