La France a officiellement restitué vingt têtes maori

Lors d’une cérémonie solennelle au musée du quai Branly à Paris et en présence du ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand, la France a remis ce 23 janvier à une délégation néo-zélandaise les 20 têtes maori, conservées depuis le 19e siècle dans des musées français.

« Vous êtes le souffle de la vie, vous, nos ancêtres! Vous avez été en France depuis si longtemps, et aujourd'hui, nous allons pouvoir vous ramener chez vous, en Aotearoa », le « pays du long nuage blanc », nom maori pour la Nouvelle-Zélande, a lancé Derek Lardelli, « aîné maori » qui a conduit au musée du quai Branly la cérémonie de remise des toï moko. « Peu importe comment vous êtes arrivés dans cette terre étrangère (...) merci au peuple français. Aujourd'hui, les ancêtres vous sourient pour nous avoir permis de vous ramener", a-t-il ajouté.

Le difficile retour des têtes maori

Après une longue polémique, le Parlement français avait finalement autorisé en mai 2010 la restitution de ces têtes momifiées acquises au 19e siècle par les explorateurs et marins occidentaux.« Les 20 têtes identifiées en France sont remises à la Nouvelle-Zélande au musée Te Papa, elles ne sont plus désormais des objets de collection mais seront entreposées dans un lieu sacralisé », s'est réjoui le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand. Les toï moko arriveront au musée Te Papa de Wellington le 26 janvier, où une grande cérémonie sera organisée en présence du roi Tuheitia Paki pour célébrer leur retour au pays.

En Occident, ces têtes ont été longtemps considérées comme objets de collection et non pas comme des restes humains à respecter. Le 9 mai 2011, le Muséum d’histoire naturelle de Rouen avait fait le premier pas en restituant une tête de guerrier maori tatouée et modifiée, apportée en 1875 par un particulier à sa collection. Considérées comme des trophées ou des objets de curiosité, ces têtes ont souvent fait l'objet d'un trafic et parfois de chasses à l'homme dès les débuts de la colonisation de l'Océanie au XVIIIe siècle. Interdit en 1831 par le gouvernement britannique, tant en Nouvelle-Zélande qu'en Australie, ce commerce s'est poursuivi illégalement bien au-delà de cette date.
 
322 têtes rapatriées

La Nouvelle-Zélande exige depuis 1980 le retour de ces quelque 500 têtes dispersées dans les musées de la planète, dont une vingtaine en France (Paris, La Rochelle, Lyon, Rochefort, Dunkerque, Rouen, Lille, Marseille, Montpellier, Nantes). Sur le plan international, 322 têtes maori ont déjà été rapatriées sur leurs terres ancestrales.

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