Matiu Rei : « Art et politique sont indivisibles »

Le Maori Matiu Rei est un descendant de Ngāti Toa Rangatira et de Ngāti Whakaue. Depuis 1988, en tant que directeur exécutif de Te Rūnanga o Toa Rangatira Incorporated, il a renégocié avec la Couronne britannique le processus du traité de Waitangi, signé en 1840. Son rôle est de promouvoir le « mana » (la force qui traverse toute chose) de sa tribu à travers le développement social, économique, éducatif, culturel et spirituel. Entretien sur le rôle de l’exposition Maori, leurs trésors ont une âme.

RFI : Art et politique, cela fait une chose chez les Maori ?

Matiu Rei : J’ai cru que dans le domaine de la culture, l’art et politique sont toujours indivisibles (rire). Chez les Maori, l’art et la politique c’est une même chose. Parfois l’art consiste à refléter la société ou les valeurs de la société ou essaie de nous emmener quelque part. Oui, l’art est très politique chez les Maori.

RFI : Dans l’exposition, il y a des pièces qui datent du 13e ou 14e siècle. Quel rôle joue l’art contemporain pour les Maori ?
 
M.R. : L’art contemporain maori essaie de refléter qui nous sommes aujourd’hui. Quand vous regardez les œuvres anciennes, elles ont peut-être l’air d’être vieilles, mais elles sont très jeunes dans leur expression. L’art contemporain nous montre comment nous sommes à l’heure actuelle. Nous vivons dans une société moderne, mais nos racines remontent très loin dans le passé.

RFI : Qu’est-ce qui se passe quand vous entrez dans une Whare Tupuna, une maison de réunion ancestrale comme celle qui est montrée dans l’exposition ?
 

M.R. : Quand vous la regardez de l’extérieur vous voyez un nombre de figures sculptées qui représentent un ancêtre. Au sommet c’est l’ancêtre le plus important pour la tribu ou la famille. Dans toutes les autres images vous voyez d’autres ancêtres ou des connexions avec les ancêtres de ce peuple ou d’autres tribus. La porte représente l’entrée dans la maison de réunion. Au-dessus de la porte vous avez les femmes et leurs maris. Ils font partie de votre généalogie. La maison est une représentation de ce que vous êtes en tant que personne et elle raconte votre histoire.

RFI : Il y a des gens qui entrent dans cette maison ou s’agit-il d’une simple sculpture ?
 
M.R. : Les gens entrent pour des cérémonies, des funérailles, des mariages. Cette maison fait partie de la communauté. Elle nous représente en tant que peuple. Elle est une partie essentielle de notre vie.

RFI : Que vont retenir les visiteurs de cette exposition en France ?
 
M.R. : J’espère qu’ils apprennent que le peuple maori a une culture, qu’il y a des expressions artistiques qui sont belles, mais différentes. Et que les gens apprécient cette différence. Qu’ils constatent que, même si on vit dans un monde moderne, nous avons toujours nos racines ancestrales.

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Maori, leurs trésors ont une âme
, jusqu’au 22 janvier au musée du quai Branly.
Le 21 et 22 janvier, l’accès à l’exposition, les ateliers et rencontres sont en accès libre et gratuit dans la limite des places disponibles.

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