France: un sommet de crise ce mercredi à l’Elysée

Le sommet de crise convoqué à l'Elysée par Nicolas Sarkozy pour tenter d'enrayer la hausse du chômage et doper la compétitivité des entreprises françaises a débuté ce mercredi 18 janvier en début de matinée. A la table des discussions, la possible création d'une TVA sociale, une plus grande flexibilité du travail et la formation des chômeurs. Un rendez-vous à haut risque pour Nicolas Sarkozy, fragilisé par la perte du triple A français. Mais à moins de cent jours de l’élection présidentielle, le futur candidat Sarkozy n'a pas d'autres choix que celui de l'action.

C'est un sommet absolument crucial pour Nicolas Sarkozy. Le premier rendez-vous capital de cette année électorale où le président va devoir se battre s’il veut conserver ses chances de rempiler à l’Elysée. Car même s'il minimise la perte du triple A, le président-candidat s'en trouve fortement fragilisé, lui qui s'était présenté comme le mieux placé pour protéger les Français face au risque de dégradation.

A défaut de pouvoir réendosser ses habits de « président protecteur », place désormais à l'homme d'action, « celui qui jamais ne renonce », fait-on valoir à l'Elysée, « notamment pour combattre le chômage ». Un des thèmes phares de ce sommet.

Faire des propositions face à « l’immobilisme »

A cent jours de la présidentielle, le président joue gros en tout cas. Et c'est avec un ton éminemment solennel et offensif qu'il avait dimanche dernier à Amboise planté le décor de ce sommet rebaptisé « sommet sur la crise » après la perte du triple A. « C’est une épreuve et en tant que telle il faut l’affronter. Il faut résister, il faut se battre, il faut faire preuve de courage et de sang-froid, a martelé le chef de l’Etat. On ne répond pas à une crise de cette ampleur par l’agitation, l’emportement et par la polémique » 

Manière pour Nicolas Sarkozy de montrer qu’il est fermement engagé dans l'action et que dans la tourmente, il est le seul à faire des propositions face à « l’immobilisme » dont il taxe son rival socialiste François Hollande. Ce mercredi matin, aux syndicats et au patronat, Nicolas Sarkozy proposera ainsi tout un paquet de réformes telles que la TVA sociale, la flexibilité du temps de travail et une taxe sur les transactions financières.

Une TVA sociale unanimement rejetée

Autant de mesures qui n'emballent pas véritablement les centrales syndicales bien déterminées à les combattre, à commencer par l'instauration d'une TVA sociale unanimement rejetée. Pour François Chérèque, « La TVA sociale, c’est tout d’abord de la TVA, donc une perte de pouvoir d’achat des salariés. De plus, dénonce le secrétaire général de la CFDT, personne n’est assuré que cet argent là ira bien à la protection sociale puisqu’il sera versé au budget de l’Etat ».

Et aux côtés des syndicats, l'opposition socialiste en campagne avec François Hollande est bien sûr également « vent debout » contre ce nouveau paquet de réformes. Benoît Hamon n'a pas de mots assez durs pour critiquer un sommet « totalement verrouillé » par l'Elysée et le patronat. « Ce n’est pas le sommet des syndicats, explique le porte-parole du PS, c’est le sommet Parisot-Sarkozy-Fillon pour mettre en œuvre l’agenda du Medef. Le Medef voulait la TVA sociale, c'est-à-dire plus de TVA, il l’aura. Le Medef voulait une flexibilisation du marché du travail, c'est-à-dire de pouvoir licencier plus facilement, il l’aura. »
 
Une défiance partagée par les Français

Hormis les mesures sur la simplification du chômage partiel, les représentants syndicaux devraient donc rejeter une grande partie des réformes que leur présentera mercredi matin Nicolas Sarkozy. Une défiance partagée par les Français qui, selon les sondages, seraient majoritairement hostiles à la TVA sociale.

Mais rien qui ne saurait effrayer le futur candidat Sarkozy. Bien décidé à mettre les syndicats et l’opposition face à leurs responsabilités. Et prêt à prendre également le risque de l’impopularité avec l’instauration d’une TVA sociale. « Le pire risque serait l’immobilisme face à la crise », fait ainsi valoir la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet qui met en avant « la crise mondiale la plus importante depuis 1929. Il faut dire la vérité aux Français et ne pas leur promettre, comme le fait la gauche, qu’on va embaucher 60 000 professeurs, qu’on va pouvoir continuer comme avant ».

Après le sommet de mercredi, le président Sarkozy attendra en tout cas la fin du mois pour annoncer aux Français les mesures prises. En espérant que, contrairement aux agences de notation, les 45 millions d'électeurs lui sauront gré d'avoir eu jusqu’au bout de son quinquennat le courage de la réforme. Réponse dans les urnes, dans un peu moins de cent jours.  

Partager :