SeaFrance : la bataille continue

L’audience au tribunal de commerce de Paris qui devait statuer sur le sort de SeaFrance mise en liquidation judiciaire, a été reportée au lundi 9 janvier 2012. Le projet de reprise de la compagnie par les salariés via une coopérative ouvrière (Scop) est la seule possibilité de sauver l’entreprise. Un projet soutenu par le gouvernement.

Nouveau sursis pour les marins de SeaFrance. Le tribunal de commerce de Paris a reporté au 9 janvier l'examen du projet de coopérative ouvrière par les salariés. Un délai justifié par la nécessité d'apporter des précisions sur les modalités de financement de la Scop, si l’on en croit Philippe Brun, l’avocat des salariés de SeaFrance.

Une réunion avec tous les acteurs de ce dossier devrait se tenir mercredi 4 janvier au ministère des Transports pour réfléchir au montage financier et juridique de cette coopérative ouvrière, qui est aujourd’hui la seule possibilité de relancer l’activité de la compagnie de ferries, une filiale de la SNCF. Près de 900 emplois sont en jeu dans la région, sans compter le millier d’emplois indirects.

Des aides de l’Etat déguisées

Bruxelles ayant interdit la recapitalisation de SeaFrance par sa maison-mère, la SNCF, le gouvernement a jusqu'au bout essayé de convaincre les syndicats de discuter avec un investisseur privé : le groupe Louis Dreyfus. Mais les syndicats, et notamment la CFDT, le syndicat majoritaire, ont rejeté cette proposition qui ne sauvait que la moitié des effectifs de la société maritime.

Après avoir affirmé ces derniers jours qu'il n’interviendrait pas dans ce dossier, le gouvernement a changé d'avis pour éviter la liquidation judiciaire immédiate de SeaFrance. Nicolas Sarkozy a surpris tout le monde en soutenant le projet de coopérative. L’option défendue par le gouvernement consiste à utiliser les indemnités que percevaient les salariés, en cas de cessation d’activité, pour financer la Scop.

Mais le temps presse et le financement n’est toujours pas trouvé. Selon la CDFT, porteur du projet, il faudrait au moins 50 millions d’euros pour lancer la Scop. L'État et la SNCF se sont engagés à fournir aux salariés de la compagnie les moyens de monter cette société par des indemnités de chômage exceptionnelles ou des avances. La ministre de l'Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, a précisé ce mardi 3 janvier 2012 que ces indemnités pourraient osciller entre 50 000 et 60 000 euros par salarié.

Un calcul électoral

Reste que selon Philippe Brun, l’avocat des salariés de SeaFrance, la SNCF a été incapable d'apporter la moindre précision sur les modalités de l'aide publique. Pour l’heure, seules les collectivités territoriales, au premier rang desquelles la région Nord-Pas-de-Calais à majorité de gauche, ont signé une lettre d’intention pour apporter près de 12 millions. La compagnie britannique de ferries P&O, concurrente de SeaFrance sur la liaison Douvres-Calais, a d’ores et déjà annoncé qu’elle porterait plainte auprès de l’Union européenne contre des aides de l’Etat.

L'avenir de la compagnie de transport maritime SeaFrance est le dossier social de ce début d'année en France. Dès le départ, le ministre des Transports Thierry Mariani a été contre l’idée d’une SCOP, un projet jugé non viable, selon lui pour reprendre les quatre bateaux et les salariés de SeaFrance. Mais depuis le chef de l’Etat a repris le dossier. Un revirement qui s’explique, selon ses détracteurs, par une démarche électoraliste. A quatre mois des présidentielles, Nicolas Sarkozy qui a fait de la lutte contre le chômage une priorité ne peut se permettre le naufrage d’une filiale d’une entreprise publique.
 

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