Sur le site d’Interpol, Jean-Claude Mas, 72 ans, la barbe blanche et le front dégarni sourit au photographe de la police. Il peut continuer à sourire, puisque celui qui était à la tête de l’entreprise fabriquant des implants mammaires défectueux, ne va certainement pas
être inquiété lors de cette journée de réveillon de Noël et passera les fêtes chez lui, dans le Var, où il réside, aux dires de son avocat.
Le mandat international ou plutôt la « notice rouge » pour employer le jargon de l’Interpol publié sur le site de l’organisation policière internationale concerne, et ce n’est pas un poisson d’avril, un délit que Jean-Claude Mas aurait commis au Costa Rica. Les autorités costaricaines lui reprochent d’avoir conduit en état d’ivresse en 2010, ce qui peut valoir au Français trois ans de prison. Mais qui n’est pas lié du tout à l’affaire des prothèses mammaires.
« La notice rouge » encourage les Etats membres d’Interpol d’emprisonner les personnes ainsi recherchées en vue d’une éventuelle extradition. Cette demande émanant du Costa Rica date du mois de juin dernier.
De la charcuterie au billard
Les informations concernant Jean-Claude Mas sont peu nombreuses, mais de plus en plus étonnantes. Le fondateur de la société Poly Implant Prothèse, PIP, est originaire de la Seyne-sur-Mer, dans le Var (sud-est de la France). D’après Patrick Baraf, chirurgien plastique parisien qui aurait travaillé avec lui, Jean-Claude Mas serait un ancien charcutier…
Le spécialiste des cochonnailles a opéré sa reconversion dans les années 80. Une reconversion réussie, puisque son entreprise de prothèses mammaires a vendu plus de 100 000 implants par an dans les années 90 et occupait la troisième place dans le monde. C’est pour pallier la baisse du dollar et la concurrence asiatique que Jean-Claude Mas aurait décidé de changer le gel de silicone traditionnel par un gel non-conforme et… dix fois moins cher.
Des poursuites depuis 2007
Les procès et plaintes commencent en 2007. PIP est condamné dans ces procès intentés surtout par les Britanniques à verser 1,4 million d’euros d’indemnités pour « non-représentation » devant le tribunal. En 2010, une enquête préliminaire est ouverte par le parquet de Marseille. L’entreprise est mise en liquidation judiciaire en mars 2010.
Jean-Claude Mas est toujours en liberté. Un premier procès notamment pour « tromperie aggravée » et « obstacle aux contrôles de l’Afssaps », où il est cité comme responsable présumé, est attendu fin 2012, début 2013.