A la demande du ministère de la Santé, l’Institut National du Cancer a réuni le 22 décembre un groupe d’experts auquel il a demandé de formuler un avis, au regard des risques de cancers et des données actuellement à sa disposition. Pour ces experts, il n’y a pas données démontrant à ce jour un risque accru de cancer du sein.
Agnès Buzyn, présidente de l'Institut national du cancer, le confirme : « Il n'y a pas de sur-risque démontré du cancer. Et concernant le risque de rupture ou le risque de non conformité du gel, les experts considèrent qu'ils ne disposent pas de données nouvelles et de preuves suffisantes pour recommander un retrait systématique des prothèses à titre préventif ».
En revanche, les risques de rupture de la membrane extérieure de la prothèse sont avérés et le gel peut alors se répandre dans les tissus, provoquant une irritation et des difficultés accrues pour enlever ensuite intégralement le produit. Une étude épidémiologique sera mise en place sur les implants rompus.
Le ministère de la Santé souhaite donc qu’il soit proposé aux femmes concernées les retrait des prothèses. « Les prothèses sont de mauvaise qualité et le taux de rupture justifie que l'on propose aux femmes, sans urgence, une explantation à titre préventif », explique Jean-Yves Grall, directeur général de la Santé.
Au titre des recommandations, les femmes porteuses d’une prothèse mammaire doivent d’abord vérifier la marque de celle-ci, s’il s’agit d’une prothèse PIP, il faudra alors consulter leur chirurgien qui proposera une explantation préventive. A défaut, elles bénéficieront d’un suivi par échographie ; toute rupture ou suintement devant conduire à l’explantation des deux prothèses.
Ces implants étaient fabriqués par une entreprise française du sud de la France aujourd’hui mise en liquidation judiciaire et dont le patron est soupçonné de fraude. Près de 2 000 françaises ont d’ores et déjà déposé une plainte. Le gel utilisé, dix fois moins coûteux qu’un gel conforme, peut entraîner une rupture de l‘enveloppe de la prothèse et ainsi provoquer des suintements de silicone et du coût d’inflammation des tissus.
La France... face au spectre d'un nouveau scandale sanitaire...
Depuis mars 2010, les autorités sanitaires françaises convient ces femmes à consulter leur chirurgien le plus rapidement possible. Et déjà 523 femmes ont décidé de se faire retirer leurs implants PIP. « Si la prothèse n’est pas abîmée, ce qui est la majorité des cas, on ouvre, on enlève la prothèse et le changement est relativement simple » explique un chirurgien.
L’assurance maladie, après entente préalable, va prendre en charge l’ablation de l’implant PIP. Un remboursement sera effectif pour le cas de chirurgie reconstructrice, dans le cas d’une femme opérée d’un cancer du sein par exemple. En ce qui concerne, la chirurgie à visée esthétique, seul le retrait de la prothèse va être pris en charge.
Comment retrouver et prévenir toutes ces femmes ?
C’est la question centrale et en même temps, la plus complexe… Les chirurgiens doivent recontacter leurs patientes même si ces dernières sont en possession d’une carte d’identification de leurs prothèses. « D’autres patientes ont été opérées par des praticiens non diplômés et certaines sont encore dans la nature » a précisé l’un des membres du comité de suivi sur les prothèses mammaires PIP. Dans le monde, 300 000 porteuses d’un modèle de prothèses PIP sont recensées.