Alors que Nicolas Sarkozy vient de sommer le gouvernement de « prendre toutes les mesures nécessaires et opportunes » pour mettre fin au conflit, ce mercredi 21 décembre, les files d’attente s’allongeaient au terminal 2F de Roissy où 80 000 passagers sont attendus. Cependant à Lyon, l’aéroport le plus touché par le mouvement social, la direction affirmait que tous les vols seraient assurés. A Nice, troisième aéroport français, malgré le vote à l’unanimité en intersyndicale en faveur de la grève à partir de ce mercredi, le trafic semblait normal à la mi-journée.
Les agents chargés d’assurer la sécurité des aéroports sont 10 000 pour toute la France. Ce sont eux qui assurent la fouille des passagers, des bagages et du fret avant l’embarquement. Et, depuis vendredi dernier, ils se sont mis en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et une augmentation de 200 euros de leurs salaires qui s’échelonnent de 1 100 à 1 400 euros (1 600 selon le patronat).
Non-reconnaissance
Depuis 1996, date où l’Etat a transféré la gestion de la sécurité aux sociétés aéroportuaires, ces missions ont été confiées à des entreprises privées. Aujourd’hui, Securitas, Brink’s Alysia Sûreté, Vigimark, Samsic, ICTS, etc, se sont substituées à l’Etat. Pour la CGT, « la concurrence a entraîné un moins-disant social ».
A propos des conditions de vie et de travail difficiles, pour être convaincu de leur réalité, il suffit de consulter le récent rapport d’information parlementaire. Dans ce document, les auteurs citent notamment le travail debout, les horaires décalés, les relations tendues avec les passagers ainsi que la question de non-reconnaissance des autres professions aéroportuaires. Ainsi, ajoute le rapport, les agents de sécurité n’ont pas accès aux restaurants d’entreprise implantés sur les sites où ils travaillent.
Chaque agent doit obtenir un certificat de qualification professionnelle (CQP) délivré par un centre de formation conventionné par la direction générale de l'aviation civile (DGAC). Selon son poste, filtrage passager, filtrage véhicule, filtrage bagage cabine, l'agent doit suivre une formation spécifique et doit ensuite s'adapter aux évolutions techniques et aux nouvelles règlementations.
Situation bloquée
Malgré l’implication de Nicolas Sarkozy dans le conflit au sixième jour de grève, la situation est toujours bloquée. La menace de remplacer les grévistes par des policiers et gendarmes est restée sans effet jusqu'au 21 décembre. Aussitôt lancé cet avertissement, le principal syndicat des gardiens de la paix, Unité police SGP-FO, avait rétorqué que « les policiers n’avaient pas vocation à devenir des briseurs de grève ».
La CGT a quitté la table des négociations « le dialogue est complètement rompu », a déclaré ce mercredi la déléguée du syndicat, Christine Hamiani. Hasard ou pas, c’est dans ce contexte que le gouvernement en profite pour ressortir une proposition de loi visant à étendre le service minimum au transport aérien. Peu importe, « les salariés sont prêts à se battre jusqu'au bout » a assuré Christine Hamiani, indiquant que les grévistes avaient voté mercredi matin en assemblée générale une poursuite jusqu'au 31 décembre du mouvement qui, selon elle, touche déjà Roissy, Orly, Beauvais, Toulouse et Nice.