C’est le retour de la règle d’or sur le devant de la scène politique. Ce projet gouvernemental vise à inscrire dans la Constitution française des règles prévoyant le retour à l’équilibre budgétaire. Même si le Premier ministre français assure que la convocation du Congrès pour adopter la règle d’or n’est pour « l’instant à l’ordre du jour », cela pourrait considérablement gêner François Hollande. En effet, comment apparaître comme responsable en matière de lutte contre les déficits tout en étant contre cette disposition ? C’est l’équation que va devoir résoudre le candidat socialiste pour 2012.
François Hollande a toujours dit que s’il était élu en mai 2012, il ferait voter une loi de programmation des finances publiques pour revenir à l’équilibre des comptes publics à l’horizon 2017. « La véritable règle d’or, c’est la crédibilité des finances publiques » ne cesse de proclamer Pierre Moscovici, le directeur de campagne du candidat socialiste. Ceux, au PS, qui avant la primaire de l’automne, considéraient que la règle d’or n’était pas une si mauvaise idée, fustigent aujourd’hui une grossière manœuvre de la droite. « Nous n’allons pas tomber dans le piège d’un pouvoir et d’une droite qui, sans imagination, sans capacité de peser dans le débat, cherchent à faire diversion », déclare Manuel Valls, ancien candidat à la primaire et aujourd’hui directeur de la communication de François Hollande.
Au Parti socialiste, personne ne veut faire de cadeau à Nicolas Sarkozy. Cependant, il va être difficile de rejeter une règle de bonne gestion sous peine d’apparaître laxiste. Certains craignent donc de ne pas avoir le choix, si le traité que le chef de l’Etat et Angela Merkel veulent soumettre aux partenaires européens, ce jeudi à Bruxelles, leur est présenté avant le premier tour de la présidentielle.
Classique clivage gauche-droite à l’approche de la présidentielle
Mardi soir, lors de la convention UMP du projet 2012 consacré à l’Europe, Alain Juppé n’y est pas allé par quatre chemins pour étriller François Hollande, de retour, la veille, d’un déplacement en Allemagne : « On ne peut pas jurer à Berlin qu’on réduira le déficit à 3% du PIB et promettre à Paris 60 000 postes de fonctionnaires et la retraite à 60 ans ».
Les socialistes ont répliqué, au premier rang desquels Laurent Fabius et Julien Dray qui ont dénoncé un piège. « Tout le piège du moment actuel, c’est d’essayer de nous mettre en face de cette sommation », affirme le député de l’Essonne. « Monsieur Sarkozy est dans une position très difficile », ajoute l’ancien Premier ministre. Martine Aubry, elle, dénonce « le duo Sarkozy-Merkel » et son « Europe technocratique et libérale ». « Se lancer dans une révision des traités européens est aussi inefficace qu’inutile, et pour la règle d’or, c’est la même histoire. On veut nous faire croire que l’on ferait demain ce qu’on n’a pas fait depuis des années ! ». Un sous entendu de la première secrétaire du PS s’agissant du traité de Maastricht qui prévoit que les déficits publics des pays européens ne doivent pas excéder 3% de leur PIB. Une règle qui n’a jamais été respectée dans aucun pays.