Nicolas Sarkozy fait du nucléaire un axe majeur de sa future campagne

En visite dans une usine d'Areva au Tricastin dans le sud de la France, le président de la République a sévèrement attaqué, vendredi 25 novembre 2011, le projet de la gauche de réduire la part de l'énergie nucléaire en France, agitant la menace d'une « vague massive de délocalisation » et d'un « cataclysme » économique pour le pays. A cinq mois de la présidentielle, il lance ainsi la bataille du nucléaire pour 2012.

C’est à un véritable plaidoyer en faveur de la filière nucléaire française que s’est livré Nicolas Sarkozy vendredi, choisissant de prendre totalement le contre-pied de la gauche sur cette question et de se poser comme le champion de la filière. 

Devant les salariés d’Isover, filiale de Saint-Gobain d’abord, puis devant les salariés de la centrale du Tricastin, il a d’abord utilisé l’argument de l’emploi et de la compétitivité industrielle qui seraient menacés, selon lui, par la sortie du nucléaire. « Le jour où on vous fera payer l’énergie deux fois plus chère que ce que vous la payez aujourd’hui, posez-vous la question de savoir : est ce que Saint-Gobain pourra garder son usine ici en France ? », a demandé le chef de l’Etat, ne voyant pas pourquoi la France renoncerait « à cet avantage compétitif qui est celui d’une énergie bon marché parce qu’il y a la filière nucléaire ». Autre conséquence, sortir du nucléaire ce serait selon lui prendre le risque d’un mouvement massif de délocalisation. « On ne peut pas dire que l’on défend l’industrie et renoncer au nucléaire », a estimé le président français. 

L’accord conclu entre le Parti socialiste et son allié d’Europe Ecologie-les Verts ne prévoit pas une sortie du nucléaire mais, dans un premier temps en tout cas, la fermeture, d'ici à 2025, de 24 des 58 réacteurs français pour réduire de 74% à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité.

« Retour à la bougie » 

Peu importe les proportions. Officiellement pas encore candidat à sa propre succession, le chef de l’Etat n’a pas eu de mots assez durs pour fustiger la proposition de ses opposants de gauche, qualifiée tour à tour de « non sens », de « cataclysme », de « catastrophe », de « folie », voire même d’un « retour à l'époque de la bougie ». 

Alors que socialistes et écologistes veulent remplacer la production d’énergie nucléaire par des énergies renouvelables, le chef de l’Etat a également fait plein feu sur ce scénario. « La nuit, il n'y a pas de soleil », a-t-il ironisé au sujet de l’énergie solaire. « La France et ses paysages [seraient] définitivement défigurés », si l’on implantait 30 000 éoliennes comme le prévoit les deux partis de gauche. Enfin, le retour au gaz impliquerait selon lui d’en importer « à hauteur de 5 milliards d'euros par an ».

La réaction à gauche n’a pas traîné. Et vu les mots employés par Nicolas Sarkozy, ses opposants n’ont pas manqué de dénoncer une « caricature » du projet conclu entre socialistes et écologistes. A commencer par le premier d’entre eux, François Hollande, candidat du PS à la présidentielle, qui a accusé son futur rival d'être « dans une espèce de caricature et d'affirmation d'un modèle qui paraît aujourd'hui dépassé ». La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot a critiqué des « contre-vérités douteuses » alors que son homologue au PS, Martine Aubry, a dénoncé « les mensonges » d'un « président du siècle dernier ».

Le ton est donné. Le nucléaire s’annonce clairement comme un sujet de campagne, et le clivage gauche-droite y sera sans doute très perceptible.

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