Bernard Squarcini: un as du renseignement sur le grill

Le chef du contre espionnage français, a été mis en examen. Il était entendu lundi après-midi 17 octobre, comme témoin assisté par une juge d'instruction qui enquête sur une affaire d'espionnage de journalistes du Monde, l'affaire dite des « fadettes ». Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur, a dû s'expliquer sur la mise sous surveillance de ces journalistes qui enquêtaient sur l'affaire Bettencourt. Une affaire qui devient très embarrassante pour le pouvoir.

Bernard Squarcini est arrivé dans le bureau de la juge Sylvia Zimmermann sous le statut de témoin assisté, il en est ressorti cinq heures plus tard inculpé. Jusqu'à présent les investigations avaient démontré qu'un commissaire divisionnaire avait exigé de l'opérateur Orange, qu'il fournisse les factures détaillées d'un journaliste du Monde. Objectif : identifier son informateur dans le dossier Bettencourt. Bernard Squarcini ayant assumé, face à la juge, la responsabilité des vérifications techniques effectuées par ses collaborateurs, il a naturellement été mis en examen.

« Atteinte flagrante au secret des correspondances, collecte illégale de données et recel du secret professionnel », voilà les charges retenues contre lui. Mais, Bernard Squarcini n’est pas mis en examen pour violation du secret des sources. En effet « l’impératif prépondérant d’intérêt public » prévu par la loi sur la protection des sources des journalistes de janvier 2010 lui permet de s’abriter derrière cette notion totalement floue et de justifier l’espionnage des journalistes en toute circonstance. C’est le cas pour la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) et les fadettes du Monde.

Pas de démission

Son avocat Patrick Maisonneuve, l’affirme, la démission du directeur central du renseignement intérieur n'est pas à l'ordre du jour.

Mais jusqu'à quand ? Car cette affaire Woerth-Bettencourt, qui mêlait déjà des soupçons de favoritisme et de financement politique illégal, comprend désormais un volet espionnage. Dans les prochains jours, Frédéric Péchenard, le directeur général de la police nationale doit également être entendu. Enfin devrait suivre un haut magistrat, Philippe Courroye, procureur de Nanterre, chargé à l'époque de l'enquête préliminaire. Tous deux pourraient bien connaître le même sort : une mise en examen. A six mois de l'élection présidentielle, tous les ressorts de l'affaire d'Etat sont réunis. Facteur aggravant pour l'Elysée, ces trois hauts fonctionnaires, sont tous de bons amis de Nicolas Sarkozy.

Son surnom : le Squale

Dans les rangs de la police on le surnomme le Squale : ça donne une idée du tempérament du personnage. Le préfet Bernard Squarcini, 55 ans est le premier patron de la récente direction centrale du renseignement intérieur, organe rassemblant les ex-renseignements généraux et l'ancien service de contre-espionnage la DST. Un FBI à la française, voulu par Nicolas Sarkozy et qui a placé à sa tête Squarcini, un ami...

Considéré comme un as du renseignement, Bernard Squarcini, a fait toute sa carrière aux RG. Spécialiste du terrorisme, ce Corse d'origine est notamment le tombeur d'Yvan Colona. C'est grâce à ce fait d'arme qu'il s'est fait remarquer par le chef de l'Etat et qu'il a pu intégrer le premier cercle des hommes de confiance issus des rangs policiers.

Cependant Bernard Squarcini n'a pas échappé aux accusations d'avoir créé un cabinet noir à la DCRI. En mars 2010, son service a enquêté sur l'origine de rumeurs sur le couple présidentiel, enquête justifiée à l'époque au nom de la sécurité des institutions. Aujourd'hui son service est au cœur de l'enquête de la juge Zimmermann sur l'espionnage des journalistes. Mais cette fois l'argument « sécurité des institutions », n'a pas permis au Squale d'échapper à une mise en examen.

Partager :