Nicolas Sarkozy confirme l’abrogation de 3 permis d’exploitation de gaz de schiste

Le président Nicolas Sarkozy a confirmé, mardi 4 octobre2011, l'abrogation de trois permis de recherche de gaz de schiste dans le sud de la France. L’exploitation de cette source d’énergie, jugée très polluante, suscite la polémique en France.

La ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a annoncé, lundi 3 octobre 2011, l’abrogation de trois permis de recherche de gaz de schiste accordés pourtant quelque temps plus tôt, au printemps 2010. La décision a été confirmée par Nicolas Sarkozy mardi 4 octobre. Ces permis avaient été délivrés à la compagnie américaine Schuepbach pour les sites de Nant (Aveyron) et de Villeneuve-de-Berg (Ardèche) ; et au géant pétrolier français Total pour le site de Montélimar (Drôme).

Ce revirement s’explique en partie par un événement législatif survenu entre le printemps 2010 et ce début d’automne 2011. Suite à la forte mobilisation de riverains et d’élus locaux, une loi a été votée le 13 juillet 2011 interdisant l’utilisation de la technique de la fracturation hydraulique pour la recherche et l’exploitation du gaz de schiste. Ce procédé qui amène à fracturer la roche en profondeur (1 000 à 3 000 mètres) peut en effet provoquer d’importants dégâts sur l’environnement ; ce procédé est notamment accusé de polluer les nappes phréatiques.

Déminer le terrain, à sept mois de la présidentielle...

Après le vote de cette loi, les industriels avaient jusqu’à la mi-septembre pour déclarer la technique qu’ils comptaient utiliser. Or il n’y a, à ce jour, pas d’alternative à la fracturation hydraulique. Nathalie Kosciusko-Morizet a indiqué que « dans les deux rapports Schuepbach, le projet d’utiliser la fracturation hydraulique était explicitement mentionné », d’où l’abrogation des permis.

En revanche, Total s’était engagé à ne pas recourir à cette méthode, et disait engager des recherches sur d’autres procédés. Insuffisant pour la ministre de l’Ecologie, qui a rappelé qu’aucune autre technique n’était opérationnelle à ce jour.

Cette annonce est survenue à la veille d’un déplacement de Nicolas Sarkozy dans les Cévennes visant à saluer le classement du parc national au patrimoine mondial de l'Unesco – une des régions où la firme texane Schuepbach devait prospecter. La décision était sans nul doute destinée à déminer le terrain, à sept mois de la présidentielle, voire à clore un dossier sensible.

Les compagnies pétrolières déçues

Toutefois, pour certains opposants au gaz de schiste, le combat est loin d’être terminé. Tout en faisant part de sa « satisfaction », José Bové, député européen et chef de file des « anti-schistes », a demandé plus de garanties pour les autres permis accordés.
Par ailleurs, le débat devrait être relancé à l’occasion de l’examen d’une proposition de loi que les socialistes et les Verts vont présenter jeudi 6 octobre prochain. Le texte vise à interdire purement et simplement l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, parmi lesquels figure le gaz de schiste.

Le chapitre n’est pas clos non plus pour les groupes pétroliers concernés. Ainsi Total s’est dit « très surpris » par l’abrogation de son permis et a demandé des explications « pour comprendre sur quelles bases légales » a lieu cette annulation.

Quoi qu’il en soit, l’abrogation de ces permis devrait mettre un coup d’arrêt aux projets d’exploration de gaz de schiste en France. D’autres pays en revanche se sont lancés résolument dans cette voie, ou s’apprêtent à le faire. Aux Etats-Unis, par exemple, le gaz de schiste représente près du quart de la production de gaz naturel. L’Algérie, qui estime son exploitation rentable avec la réduction des ressources en pétrole, va lancer en 2012 l'exploration de son territoire. Et la Pologne, qui disposerait de réserves fabuleuses, va lancer en 2014 la production commerciale du gaz de schiste, avec l'approbation des trois-quarts de sa population. 

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