Gérard Longuet avait affirmé avant les élections sénatoriales que s'il manquait une voix à Gérard Larcher pour être réélu président du Sénat, ce ne serait pas la sienne. Et pourtant, au lendemain de la défaite de la majorité, l'Elysée a annoncé que le sénateur de la Meuse restait en poste au ministère de la Défense. De fait, il ne pourra donc pas participer au vote du 1er octobre au cours duquel sera choisi le nouveau président de la Haute Assemblée. Un ministre ne peut, en effet, être remplacé au Sénat avant un délai d’un mois, délai durant lequel s’il ne démissionne pas pour occuper lui-même son siège, personne ne peut voter à sa place.
Chantal Jouanno qui, elle, avait affirmé dès son élection qu’elle était prête à quitter le gouvernement pour venir apporter son soutien à Gérard Larcher, candidat à sa propre succession, a été entendue et sa démission a été acceptée par François Fillon. Elle est remplacée par l'ex-judoka David Douillet au ministère des Sports et va donc pouvoir immédiatement siéger et voter au Sénat. Mais dans un contexte où la gauche détient désormais la majorité absolue plus deux voix dans cette Chambre, il paraît peu probable que Gérard Larcher puisse se passer sans conséquence d’une voix dans son camp, tant le scrutin risque d’être serré.
Le « Plateau » est-il perdu ?
Du coup, on peut se demander si la décision de garder Gérard Longuet au gouvernement n'indique pas que la réélection de Gérard Larcher est jugée mal engagée à l’Elysée et que la probabilité de subtiliser le « Plateau » - c’est-à-dire la présidence - à la gauche est trop faible pour justifier le départ de Gérard Longuet d'un ministère clef, dans le seul but d'apporter une voix supplémentaire lors du scrutin.
L'annonce du maintien au gouvernement de Maurice Leroy, ministre de la Ville, pourtant sévèrement battu dans le Loir-et-Cher, ce qui aurait pu justifier son départ, montre de la même manière une volonté de limiter les bouleversements, donc peut-être aussi de relativiser l'impact de la défaite. En d’autres temps, certains ministres qui avaient échoué à se faire élire avaient payé le prix fort en étant obligé de renoncer ensuite à leur portefeuille. Cette double peine, défaite électorale agrémentée d’un départ du gouvernement, avait ainsi coûté à Alain Juppé son grand ministère de l’Ecologie où il venait d’être nommé, après les législatives perdues de 2007. Mais aujourd’hui, l’heure est à la prudence pour Nicolas Sarkozy. Exiger le départ de Maurice Leroy aurait certainement eu plus d’inconvénients que d’avantages. Cela aurait pu fâcher les centristes et aggraver les divisions.