Le procès des emplois fictifs de la mairie de Paris s'ouvre sans Jacques Chirac

Plusieurs fois repoussé, le procès de Jacques Chirac s'est ouvert ce lundi 5 septembre 2011 en début d'après-midi. L'ancien président de la République française est poursuivi dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, ville dont il était le premier édile à l'époque des faits incriminés, entre 1990 et 1995. Mais l'ancien président ne s'est pas présenté à l'audience. Motif : un état de santé dégradé et de fréquentes pertes de mémoire. Le parquet soutient la demande des avocats de Jacques Chirac de le dispenser d'audience, mais c'est le président du tribunal qui tranchera.

Sans surprise, Jacques Chirac n'était pas présent à l'ouverture de son procès au tribunal correctinnel de Paris, lundi 5 septembre. Deux jours auparavant déjà,  ses avocats avaient fait valoir rapport médical à l'appui, que leur client  « n'a plus l'entière capacité de participer au déroulement des audiences », alors que l'ex-président aura 79 ans en novembre.

Ils ont donc demandé, conformément au voeu de Jacques Chirac, à pouvoir représenter celui-ci jusqu'à la fin du procès le 23 septembre. Durant l'audience, le parquet a soutenu la demande des avocats. Selon Frédéric Salat-Baroux, gendre de l'ancien président, ce dernier n'a « plus la mémoire » pour participer aux audiences, car « son état de santé s'est dégradé depuis quelques mois ». Un de ses proches confirme que son état s'est « dégradé durant l'été » et qu’il « ne maîtrise pas ses paroles ».

Manoeuvre dilatoire

Le président de la 11e chambre correctionnelle, Dominique Pauthe, doit décider s'il accède à la demande de Jacques Chirac, laissant le procès se poursuivre sans lui, ou s'il reporte les débats. Il peut d'abord demander une contre-expertise médicale.
Cette deuxième solution, qui aurait la faveur des proches de l'ancien président, est vivement rejetée par la partie civile. L'association Anticor dénonce une nouvelle manœuvre dilatoire.

Aux côtés de Jacques Chirac, neuf autres personnes qui ne pouvaient pas être jugées tant que le prévenu principal occupait l'Elysée, en raison de son immunité, comparaissent dans cette affaire d’emplois fictifs. Difficile de juger les personnages secondaires si le principal prévenu n’est pas là. Quelle valeur auront les débats, si jamais ils ont lieu ?

Au total, la partie civile dénonce 21 embauches de complaisance et l'organisation d'un système d'emplois fictifs au bénéfice des ambitions présidentielles du maire de Paris et à la charge des contribuables parisiens.

Un sujet tabou

Longtemps la santé de Jacques Chirac a été un sujet tabou, objet de toutes les spéculations. Depuis 48 heures, on peut donc nommer la maladie dont il souffre : anosognosie. Un mot savant qui désigne des troubles neurologiques, fréquents notamment dans le cas de la maladie d’Alzheimer. Concrètement, le malade oublie qu’il oublie. Sa mémoire se dérobe sans même qu’il ne s’en rende compte.

Voilà pourquoi ses avocats, s’appuyant sur l’expertise du neurologue Olivier Lyon-Caen, estiment qu’il ne peut comparaître. Si le président demande une contre-expertise médicale, et qu’elle confirme l’expertise déjà établie par le célèbre neurologue Olivier Lyon-Caen selon laquelle l’ancien locataire de l’Elysée n’est pas en mesure de comparaître au procès, Jacques Chirac pourrait bénéficier d’une dispense de présence ou même d’un report du procès sine die, ce qui signifierait l’abandon des poursuites.

Mais le président Pauthe peut aussi choisir d’entendre Jacques Chirac pour se forger sa propre opinion. Le pire des scénarios pour les avocats de la défense, qui jusqu’ici ont mis tout en œuvre pour que le prévenu Chirac ne comparaisse jamais. 

Si, comme il l’a fait savoir au Tribunal, Jacques Chirac souhaite que la justice aille à son terme, sa présence au palais de justice est cependant devenue illusoire. Et l’affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris, vieux serpent de mer judiciaire qui remonte au début des années 1990, est plus que jamais en suspens.

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