Christian Dior, couturier et amateur d’art

On connaissait Dior couturier, on le découvre amateur d'art. A Granville, au sud-ouest de la Manche en Normandie, le Musée Christian Dior dévoile cette facette peu connue du grand créateur de mode qui, avant de lancer la griffe qui l'a rendue célèbre, a dirigé des galeries d'art. L'exposition Dior, le bal des artistes met en scène ses deux passions dans une rétrospective des créations Dior tout en ponctuant ses échanges avec l'univers artistique à travers des peintures, dessins, gravures et lettres.

Une soixantaine de robes exquises accueillent le visiteur dans la villa perchée sur une falaise au bord de la mer. Elles évoquent des couleurs et des formes de Cézanne, Klimt et Pollock ou portent des noms d'inspiration musicale comme Concerto ou Menuet. Du rez-de-chaussée jusqu'au second étage, le visiteur suit pas à pas les rencontres et les influences qui donneront naissance au style Dior. Y compris: le jardin. « Vous êtes ici dans le parc de la Villa des Rhumbs, explique Philippe Le Moult, secrétaire général du musée Christian Dior à Granville. Ce parc entoure cette belle maison anglo-normande construite en 1895 qui a été achetée par les parents de Christian Dior en 1905. Il faut imaginer sa maman dans les années 1920, plantant des fleurs, des arbres avec une élégance extraordinaire puisque à l'époque les femmes, même pour cultiver le jardin, étaient en voilette, en chapeau, en gants blancs, en tailleur et en chaussures à petits talons. »

Dior et les artistes

C'est dans cette ambiance bucolique que Christian Dior, né pourtant dans une famille d’industriels avisés, découvre le monde de la beauté et de l'élégance. Il rêve de s'inscrire à l'Ecole des beaux-arts, de devenir compositeur, puis architecte et finit par être galeriste.  « Pour Dior, de très nombreux artistes ont été importants, raconte Florence Müller, commissaire de l'exposition Dior, le bal des artistes et explique : Les artistes du 18e siècle, mais aussi des personnages comme Picasso, Braque qui ont été un peu le fonds de ses activités puisqu'il était galeriste dans sa jeunesse, en 1928, il a 23 ans et il le fait avec l'aide financière de l'argent prêté par son père, à la condition que le nom de Dior n'apparaisse pas dans cette activité. »

Quand Dior expose Matisse

Contre vents et marées paternels, le jeune Dior expose -avec beaucoup de flair- Matisse et autres grands maîtres à côté de jeunes inconnus, aujourd'hui devenus des icônes, à savoir Dali ou Giacometti. Jusqu'à ce que les affaires périclitent. « En 1935, il cesse son activité de galeriste, son père a été ruiné suite à la crise économique et il a l'idée de s'orienter vers le dessin de mode sur les conseils d'un ami, Jean Ozenne, qui lui dit: tu as beaucoup de goût, tu connais bien l'histoire de l'art, tu connais bien les artistes et, au fond, pour être créateur de mode, c'est exactement ce qu'il faut. »

Le couturier-parfumeur par excellence

Une dizaine d'années plus tard, Dior ouvre sa propre maison de couture; sa première collection new-look défile en 1947 - sans oublier son premier parfum Miss Dior.  « C'est le couturier-parfumeur par excellence, analyse Florence Müller : il disait, l'élégance d'une femme n'était jamais complètement achevée sans le parfum. Il parlait dans ses mémoires de la finishing touch. »

Cet homme aux multiples talents habille également des stars de cinéma comme Marlene Dietrich ou Rita Hayworth qui lui commande d'ailleurs d'emblée un tailleur et une robe noire - à admirer sous le toit du musée.  

Allez retrouver les racines du célèbre couturier dans sa maison d'enfance à Granville, aujourd'hui transformée en musée. Dior, le bal des artistes, jusqu’au 25 septembre.

 

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