Présidentielle 2012 : un débat pollué par les rumeurs

«Campagne de caniveau», «boules puantes», «entourloupe» : à neuf mois de l’élection présidentielle en France, les grands enjeux économiques et sociaux sont largement occultés par les attaques personnelles et les petites phrases. Depuis quelques jours, les rumeurs sur Martine Aubry monopolisent le débat dans les médias et sur les réseaux sociaux. Droite et gauche s’accusent mutuellement de «salir» la campagne. Nicolas sarkozy se tait.

Entre deux rebondissements judiciaires dans l'affaire Dominique Strauss-Kahn, ce sont les rumeurs sur la vie privée de la maire de Lille Martine Aubry qui ont alimenté les commentaires politiques tout au long du week-end.

Vendredi, en visite à Turin, la candidate à la primaire socialiste pour l'élection présidentielle n’a pas hésiter à évoquer devant la presse les rumeurs qui courent sur internet quant à son alcoolisme présumé, son état de santé ou les liens supposément entretenus par son mari, l'avocat Jean-Louis Brochen, avec la mouvance islamiste. « Je sais tout, je sais qui les lance », a-t-elle dit, ajoutant qu'elle porterait plainte contre les sites colportant de fausses informations. Sans jamais citer les noms des auteurs de ces rumeurs, elle a toutefois clairement désigné la droite et l'extrême droite.

« Une nouvelle entourloupe des socialistes »

La menace de Martine Aubry a provoqué la colère à l'UMP, notamment celle de son secrétaire général, Jean-François Copé. En déplacement dans les Bouches-du-Rhône, il a dénoncé « une nouvelle entourloupe des socialistes pour gagner du temps », après les accusations de « complot » contre Dominique Strauss-Kahn organisé par l'UMP, lancées par plusieurs socialistes. Et de réfuter vivement que le parti présidentiel ait une quelconque responsabilité dans les rumeurs circulant sur internet contre Martine Aubry. « L'UMP a bon dos pour tout, ce sont des méthodes absurdes et ridicules ».

Un complot contre DSK ? Le ministre du Travail Xavier Bertrand écarte l'idée d'un revers de main. « Cela n'a aucun sens », a-t-il dit dimanche sur Radio J. « Je m'étonne qu'on soit encore depuis des semaines et des semaines avec de tels sujets qui font la une de l'actualité » , a-t-il déploré, souhaitant pour la campagne qui s'annonce « le bon sens, la décence et le sens de l'intérêt général ». Concernant les rumeurs sur Martine Aubry, Xavier Bertrand a demandé aux socialistes de balayer devant leur porte. « Je veux bien tout ce que l'on veut mais pas de recevoir des leçons. Quand Mme Aubry, dans un discours, comparaît le président de la République à M. Madoff, c'était d'une indécence sans pareil. Quand il y a eu des attaques sans précédent contre la personne d'Eric Woerth, c'était pareil ».

Nadine Morano n’est pas en reste. La ministre chargée de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle a défendu son parti dans le JDD : « L'UMP ne salit pas », a-t-elle dit, en soulignant qu' « un torrent de saloperies est déversé depuis le début du quinquennat sur Nicolas Sarkozy ». Pour elle, Martine Aubry est entrée « dans une stratégie de victimisation ».

« Marécage »

Côté socialiste, on s’emporte également. François Hollande s’indigne : « Ça suffit ! Ça suffit comme ça des rumeurs et des manœuvres », a déclaré le favori socialiste des sondages sur le plateau du journal de 20h00 de France 2. « Je ne veux pas que ce soit dans un marécage que l'élection se déroule ».

La maire de Lille a reçu dimanche le soutien d'Arnaud Montebourg, lui aussi candidat à la primaire du PS, qui lui a exprimé sur Europe 1 sa « solidarité totale ». Et également celui de Pierre Moscovici, soutien de François Hollande, qui a estimé qu'elle avait « raison de ne pas se laisser faire ». « Comme elle, je déteste la politique qui salit. La France de 2012 a besoin d'un vrai débat de société et non d'une campagne de caniveau », déclare-t-il dans Le Parisien.

L'ex-Premier ministre du Jacques Chirac, Dominique de Villepin a de son côté qualifié de « scandaleuses » ces rumeurs, « d'où qu'elles viennent  ».

Nicolas Sarkozy se garde bien de réagir. Interrogé par l'AFP dimanche, l'Elysée a affirmé qu'il n'y aurait « aucun commentaire sur ces sujets », que ce soit sur Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn. On a expliqué ne « pas vouloir alimenter les rumeurs quelles qu'elles soient ».
 

Partager :