Entre deux rebondissements judiciaires dans l'affaire Dominique Strauss-Kahn, ce sont les rumeurs sur la vie privée de la maire de Lille Martine Aubry qui ont alimenté les commentaires politiques tout au long du week-end.
Vendredi, en visite à Turin, la candidate à la primaire socialiste pour l'élection présidentielle n’a pas hésiter à évoquer devant la presse les rumeurs qui courent sur internet quant à son alcoolisme présumé, son état de santé ou les liens supposément entretenus par son mari, l'avocat Jean-Louis Brochen, avec la mouvance islamiste. « Je sais tout, je sais qui les lance », a-t-elle dit, ajoutant qu'elle porterait plainte contre les sites colportant de fausses informations. Sans jamais citer les noms des auteurs de ces rumeurs, elle a toutefois clairement désigné la droite et l'extrême droite.
« Une nouvelle entourloupe des socialistes »
La menace de Martine Aubry a provoqué la colère à l'UMP, notamment celle de son secrétaire général, Jean-François Copé. En déplacement dans les Bouches-du-Rhône, il a dénoncé « une nouvelle entourloupe des socialistes pour gagner du temps », après les accusations de « complot » contre Dominique Strauss-Kahn organisé par l'UMP, lancées par plusieurs socialistes. Et de réfuter vivement que le parti présidentiel ait une quelconque responsabilité dans les rumeurs circulant sur internet contre Martine Aubry. « L'UMP a bon dos pour tout, ce sont des méthodes absurdes et ridicules ».
Un complot contre DSK ? Le ministre du Travail Xavier Bertrand écarte l'idée d'un revers de main. « Cela n'a aucun sens », a-t-il dit dimanche sur Radio J. « Je m'étonne qu'on soit encore depuis des semaines et des semaines avec de tels sujets qui font la une de l'actualité » , a-t-il déploré, souhaitant pour la campagne qui s'annonce « le bon sens, la décence et le sens de l'intérêt général ». Concernant les rumeurs sur Martine Aubry, Xavier Bertrand a demandé aux socialistes de balayer devant leur porte. « Je veux bien tout ce que l'on veut mais pas de recevoir des leçons. Quand Mme Aubry, dans un discours, comparaît le président de la République à M. Madoff, c'était d'une indécence sans pareil. Quand il y a eu des attaques sans précédent contre la personne d'Eric Woerth, c'était pareil ».
Nadine Morano n’est pas en reste. La ministre chargée de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle a défendu son parti dans le JDD : « L'UMP ne salit pas », a-t-elle dit, en soulignant qu' « un torrent de saloperies est déversé depuis le début du quinquennat sur Nicolas Sarkozy ». Pour elle, Martine Aubry est entrée « dans une stratégie de victimisation ».
« Marécage »
Côté socialiste, on s’emporte également. François Hollande s’indigne : « Ça suffit ! Ça suffit comme ça des rumeurs et des manœuvres », a déclaré le favori socialiste des sondages sur le plateau du journal de 20h00 de France 2. « Je ne veux pas que ce soit dans un marécage que l'élection se déroule ».
La maire de Lille a reçu dimanche le soutien d'Arnaud Montebourg, lui aussi candidat à la primaire du PS, qui lui a exprimé sur Europe 1 sa « solidarité totale ». Et également celui de Pierre Moscovici, soutien de François Hollande, qui a estimé qu'elle avait « raison de ne pas se laisser faire ». « Comme elle, je déteste la politique qui salit. La France de 2012 a besoin d'un vrai débat de société et non d'une campagne de caniveau », déclare-t-il dans Le Parisien.
L'ex-Premier ministre du Jacques Chirac, Dominique de Villepin a de son côté qualifié de « scandaleuses » ces rumeurs, « d'où qu'elles viennent ».
Nicolas Sarkozy se garde bien de réagir. Interrogé par l'AFP dimanche, l'Elysée a affirmé qu'il n'y aurait « aucun commentaire sur ces sujets », que ce soit sur Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn. On a expliqué ne « pas vouloir alimenter les rumeurs quelles qu'elles soient ».