Avec notre correspondante à Londres, Murielle Delcroix
Ce retournement complet de situation a totalement pris de court la famille Murdoch qui jusqu’à la semaine dernière, considérait le rachat de BSkyB comme une affaire entendue. Certes la prise de contrôle à 100% faisait grincer beaucoup de dents, notamment celles des autres médias britanniques et de l’opposition de gauche, mais le groupe Murdoch avait l’assentiment du gouvernement et cette opération financière aurait été rondement bouclée dans les prochaines semaines.
Les révélations du très déterminé quotidien The Guardian en ont décidé autrement et la fermeture brutale du News of the World ne semble pas avoir éteint l’incendie. La chance a désormais tourné pour Rupert Murdoch et la coalition de David Cameron se prépare à enterrer ce projet de rachat : tandis que Nick Clegg le vice-Premier ministre vient d’exhorter le magnat de la presse à reconsidérer son offre, le ministre de la Culture et des Médias, lui, demande au régulateur britannique des médias, Ofcom, d’examiner le rachat à la lumière de l’affaire des écoutes illégales.
La coalition cherche ainsi à se débarrasser de la responsabilité d’approuver ou non le projet qui menace sa réputation. Une volte-face et une prise de distance dictées par la pression du parti d’opposition travailliste mais aussi et surtout maintenant par une opinion publique scandalisée par les abus de News of the World et la trop grande proximité entre le pouvoir et les médias.