Les grandes chaînes de télévision hertziennes et internet diffusent à partir de ce mardi 14 juin 2011 ce film choc de trente secondes réalisé par le Collectif féministe contre le viol (CFCV). Il s’agit de dénoncer un drame qui se joue quotidiennement ; selon le Collectif, 30% des 75 000 viols commis chaque année en France, le seraient au sein du couple. « Ne laissez plus votre conjoint s’exprimer à votre place » dit en résumé le spot qui a pour but de faciliter une meilleure compréhension du problème par le plus grand nombre et favoriser une meilleure prise en charge des victimes de viols conjugaux dans notre société.
Devoir conjugal ou viol conjugal
Pour le Dr Emmanuelle Piet, présidente du Collectif, « même si les hommes commencent à prendre en considération les désirs et les envies des femmes, le sacro-saint devoir conjugal reste encore ancré dans les mentalités ». Bien qu’obsolète, cette notion du « devoir conjugal » continue en effet de pourrir la vie de bien des couples et singulièrement celle de bien des femmes. Certains hommes, considérant le corps de leur femme comme un instrument à leur service, ont depuis longtemps balayé la notion de consentement. Le film du CFCV devrait leur rappeler que ce comportement relève du viol.
Quand c’est non, c’est non
Le crime de viol tel que le définit la loi est constitué par tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. De plus, en droit français, le fait d’être marié, conjoint, ex-conjoint, pacsé, est une circonstance aggravante depuis 2006. Ainsi, un viol commis hors du couple peut valoir à son auteur jusqu’à 15 ans de réclusion ; une peine portée à 20 ans quand il s’agit d’un viol conjugal.
En France, tout un arsenal judiciaire permet aux femmes violées d’être protégées de leur agresseur. Encore faut-il que les victimes portent plainte. Et là, il n’y a qu’à consulter des forums sur internet pour voir que les victimes qui subissent des viols répétés de la part de leur conjoint, dans la plupart des cas, se taisent. Que ce soit par peur ou par ignorance, seulement 2% de ces femmes violées dans leur couple oseraient porter plainte selon le Collectif féministe contre le viol. Les dispositifs légaux concernant le viol conjugal « c’est quelque chose qui est très récent, y compris dans nos textes de loi. Et c’est pour cela que cela nécessite ces campagnes d’information, pour dire qu’on peut porter plainte, rappelle le Dr Emmanuelle Piet. Pour dire qu’on a le droit d’être respectée, et que, quand c’est non, c’est non ».