Tout en respectant à la lettre la présomption d’innocence du directeur général du FMI, quelques voix féministes ont enfin réussi à percer le tintamarre médiatique. L’occasion pour Osez le féminisme de souligner que dans l’affaire DSK on a bien vite parlé « de complot, transformant du même coup Dominique Strauss-Kahn en victime ». Dans la même veine, « la victime présumée, une femme de chambre, devient la manipulatrice. Un classique du genre ».
On est là, remarque la militante féministe Magali de Haas, dans l’exploitation ordinaire « des idées reçues autour du viol qui penchent tout de suite pour la culpabilisation des victimes ». Ces remarques entendues aussi bien dans le milieu politique que chez Monsieur-tout-le-monde sont « un signal fort donné à toutes les femmes victimes de violences, sur la crédibilité de leur parole » rappelle la représentante d’Osez le féminisme. Un état de fait à rapprocher d’une enquête menée par l’Enveff sur les violences faites aux femmes qui évalue à 75 000 le nombre de viols ou de tentatives commis chaque année en France pour lesquels seuls 10 % font l’objet d’une plainte…
Libertés ou violences sexuelles
Autour de l’« affaire » Dominique Strauss-Kahn, Osez le féminisme relève aussi le « déferlement de blagues sexistes vues sur la toile et surtout dans le discours ambiant, on assiste à une confusion grave entre libertés sexuelles et violences sexuelles ». « Les faits dénoncés, s'ils étaient avérés, ne relèveraient ni d'une "affaire de mœurs" ni d'un problème de libido envahissante. Ils constitueraient un crime », précise Magali de Haas . « On a même entendu parler d’un profil de violeur [qui ne correspondrait en rien à DSK], alors qu’on sait bien qu’il n’y a pas de tel profil, pas plus qu’il n’existe de profil pour la victime d’un viol. Le viol n’est pas réservé à un certain type d’homme pas plus qu’il ne concernerait que les femmes au physique attrayant ».
Que ce soit d’un côté ou de l’autre de l’échiquier politique français, les idées reçues ont la part belle comme le remarque l’avocate féministe fondatrice de Choisir la cause des femmes, Gisèle Halimi qui se dit « déçue par la gauche » à qui elle reproche de faire prévaloir « l’amitié et l’esprit de clan sur le respect des femmes ». « Il ne me semble pas avoir entendu les Aubry, Guigou, Royal exprimer leur compassion pour la victime », regrette-t-elle.
Outre-Atlantique aussi on réagit vivement, notamment aux propos de Bernard-Henri Lévy invectivant le système judiciaire américain qui ne tient pas compte de la personnalité du prévenu, son ami depuis 25 ans… Pour le site www. feministe.us cette intervention du philosophe est un « soutien de fait à tous les violeurs potentiels ». Et ces féministes américaines s’en prennent au passage à tous ceux qui mettent en doute la parole d’une victime présumée au nom d’un prétendu complot.