On ne peut pas parler d’un soutien massif. Certes, la résolution par laquelle la direction du Parti communiste français apporte son appui à Jean-Luc Mélenchon a été votée à 63,6%. Mais, à près de 80%, les délégués ont aussi voté pour que soit associé au nom de Mélenchon, celui de deux autres postulants, un troisième, le député du Rhône, André Gerin ayant retiré sa candidature peu avant le vote.
Voilà donc Mélenchon, candidat à la candidature et ex-socialiste, embarqué pour une primaire face à André Chassaigne député du Puy-de-Dôme et favorable à la stratégie du Front de gauche. Au contraire, l’autre candidat, Emmanuel Dang Tran responsable d’une section parisienne du parti, est lui partisan d’une candidature communiste « pur sucre ». Ce premier pas vers la candidature a été qualifié de rien de moins que d’« enthousiasmant » par Jean-Luc Mélenchon qui s’est dit très confiant sur la suite des événements.
De son côté, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a dit ne pas douter du choix final de Jean-Luc Mélenchon. N’appréciant guère le terme de primaires, le patron du PCF a justifié ce choix par la nécessité de rassembler tous les communistes. « On a choisi de laisser le dernier mot aux militants. Il fallait aller jusqu'au bout du processus démocratique », a-t-il dit à la fin de la Conférence nationale.
Mariage d’amour ou de raison ?
Interrogé par RFI sur la possibilité que le 18 juin, les militants décident de choisir finalement André Chassaigne au lieu de Mélenchon, cela « ferait entrer le Front de gauche dans une période d’instabilité… » reconnaît Pierre Laurent. Et à cette évocation plane l’ombre de l’amer souvenir de 2007, où la candidate Marie-George Buffet, 100% PCF, avait atteint le score affligeant de 1,93%... Aujourd’hui, le PCF semble avoir retenu la leçon et quitte à assouplir quelque peu la ligne dure, il semble mûr pour un choix exogène mais fraternel.
Alors, mariage de raison ou mariage d’amour entre les composantes du Front de gauche ? « Vous savez, ce n’est pas contradictoire, la raison et l’amour ! Donc des fois il peut y avoir les deux et je crois qu’on a quand même appris à se connaître. On travaille avec Jean-Luc Mélenchon depuis 2005, depuis le non au traité constitutionnel européen. Mais il y a un choix de raison, un choix politique effectivement, dans la situation qui est la nôtre » admet Pierre Laurent.
Quantà savoir si Jean-Luc Mélenchon pourrait être un bon communiste, le patron du PCF ne « croit pas que lui ait envie de devenir un communiste. Mais je pense, ajoute-t-il, qu’il y a beaucoup de choses qui nous unissent et qui nous rassemblent ». Il faudra cependant attendre le 18 juin pour savoir si cela est partagé par la majorité des militants du PCF qui, en tout cas, ne veulent certainement pas revivre la bérézina de 2007.