A partir du 10 mars 2011, les tarifs d'achat par EDF de l'électricité photovoltaïque seront 20% en dessous de ceux du 1er septembre 2010. Ils pourront même baisser de 2,5% par trimestre. Cette réforme plonge le secteur du solaire dans un profond désarroi, alors que l’activité connait pourtant une expansion depuis deux ans.
On est bien loin des promesses du candidat Sarkozy qui faisaient du Grenelle de l'environnement un axe central de son quinquennat. Pour Stephen Kerckhove, délégué général de l'association Agir pour l'environnement, « le Grenelle a été l'occasion de beaucoup d'annonces mais de peu de mises en œuvre ». Il dénonce « la toute puissance des lobbys » et constate que « la France a fait le choix d’un nucléaire dangereux, coûteux, qui ne répond pas à la demande électrique de demain ».
Le retard français
Avec une réglementation qui se durcit et une fiscalité de moins en moins attractive, la France risque même de ne pas atteindre les objectifs du Grenelle. Paris ne s'est pas montrée très ambitieuse en matière d'électricité photovoltaïque, les objectifs fixés d'ici 2020 sont dix fois moins importants que ceux de l'Allemagne.
Déjà très en retard sur nos voisins, l'Etat français n'est pas disposé à soutenir ce secteur d'activité pourtant prometteur. Pour Maître Arnaud Mine, président du Soler, branche du syndicat des énergies, cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de photovoltaïque en France : « Il est clair que ce scénario d’incertitude permanent qui a été mis en œuvre jusqu’à aujourd’hui ne favorise pas la croissance et la création d’entreprises françaises ».
Développement de l’éolien en mer
Si le gouvernement a reculé sur le photovoltaïque, il semble vouloir se rattraper avec l'éolien en mer. En visite à Saint-Nazaire, le chef de l'Etat a annoncé le 25 janvier 2011 un important appel d'offres portant sur la construction de 600 éoliennes au large des côtes françaises. Contrairement à d'autres pays européens, comme le Danemark ou le Royaume Uni, la France ne s'est pas dotée d'un parc éolien en mer, alors qu'elle possède plus de 3 000 kilomètres de façade côtière.
Il s'agit donc d'un projet ambitieux et pour Alain Chardon, directeur du secteur Energie durable chez Capgemini, l'éolien ne risque pas de connaitre les mêmes déboires que le photovoltaïque : « ce sont de gros projets industriels qui nécessitent de gros investissements, par conséquent il n’y a pas de risque de voir les projets s’arrêter. C’est quelque chose qui va s’inscrire sur plusieurs années. »
Coup de rabot sur différentes taxes
D’autres projets du Grenelle ont été tout simplement abandonnés ou repoussé. La taxe carbone a ainsi disparue. La taxe pique-nique sur les couverts en plastique non recyclables a également été abandonnée. La taxe poids-lourds a été reportée à 2012, le bonus-malus sur les voitures s'est vu dégraissé, quand au crédit d'impôt pour les investissements dans les énergies renouvelables il a été divisé par deux. Sans oublier le flop du développement du transport ferroviaire : deux ans après la signature du Grenelle il n'a pas avancé.
Le Grenelle de l'environnement ce n'est pas uniquement l'écologie, c'est aussi le climat social... notamment la RSE Responsabilité Sociale et Environnementale des entreprises. Imaginée pour protéger les salariés dans leurs entreprises, la RSE devait contribuer à améliorer leur bien-être. Le Grenelle rendait cette mesure obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés. Le patronat œuvre pour que seules les entreprises de plus de 5 000 salariés se plient à cette contrainte.
Si les grands chantiers du Grenelle se sont réduits à peau de chagrin, reste qu'ils ont permis aux associations et aux ONG de prendre part au débat sur les défis de demain.