Le Grenelle 2 n'est pas à proprement parler la suite de la loi dite Grenelle 1. Il s'agit plus exactement du dernier volet d'un ensemble de textes qui devront enfin mettre en place une série de mesures concernant le développement durable et l'environnement. Le ministre de l'environnement, Jean Louis Borloo, a présenté au milieu de la semaine dernière le projet de loi Grenelle 2 :
« On l’appelle Grenelle 2 par habitude de langage, tout simplement. C’est ce dispositif global qui permet qu’on aille vers les voitures électriques, les voitures décarbonées, vers les bâtiments à 50 kilowatts pour faire des économies d’énergie, la mutation de l’agriculture bio, les chantiers d’économie d’énergie dans le bâtiment, la multiplication par quatre ou cinq des tramways en ville, bref, les TGV. Tout ça, les énergies renouvelables, c’est beaucoup, beaucoup de textes techniques qui arrivent à cette solution là ».
Certains sujets ne sont plus à l'ordre du jour
Même si le fond de cette loi qui va être discuté à l'Assemblée Nationale représente les détails techniques, il y a des sujets qui ne sont plus à l'ordre du jour. Comme de nombreux écologistes le regrettent, les points importants de la lutte contre le réchauffement climatique ont tout simplement disparu. Il n'est plus question de la taxe carbone, abandonnée récemment par le gouvernement.
La taxe sur les poids lourds est reportée pour la fin de l'année prochaine, mais aussi on ne parle plus du péage urbain. D'autres mesures ont été supprimées, ce que déplore le député Vert, Noël Mamère :
« Ce que le ministre de l’Ecologie, M. Borloo présente comme une cathédrale ressemble aujourd’hui malheureusement à un champ de ruines. Les députés de la majorité se sont attachés à vider de sa substance le Grenelle 2, ce Grenelle de l’Environnement dans lequel de nombreux partenaires avaient beaucoup investi et pensaient qu’il pouvait être un outil efficace de la mise en œuvre d’une politique contre le réchauffement climatique, et au lieu de cela, c’est une victoire des lobbies.
Le Grenelle de l’Environnement, ce n’est plus qu’un astre mort. Je sais que de la part des grande associations et des militants de l’environnement, il y a une grande déception, et qu’ils doivent aujourd’hui se sentir très mal ».
L'implantation des éoliennes rendue plus contraignante
Les débats s'annoncent houleux au sein du parlement, surtout autour du sujet concernant le développement des éoliennes. Le texte de loi ne facilite pas le développement de cette énergie propre, il est plus contraignant et risque de réduire de plus de 60 % le potentiel d'implantation d'éoliennes en France. Par conséquent, il devient difficile d'atteindre l'objectif qui est de 8000 éoliennes d'ici 2020 : à présent moins de 3000 installations sont en fonction, précise Anne Bringault, directrice de l'association Les Amis de la Terre :
« Ces amendements qui mettraient en fait le parc éolien dans la même catégorie que des installations classées comme des usines chimiques, avec des processus extrêmement lourds pour pouvoir installer de nouvelles éoliennes et puis l’interdiction aussi de petites éoliennes. Il faudrait une taille minimale.
On ne sait pas pour quelles raisons, cela va à l’encontre des mesures du Grenelle qui demandait à la fois une baisse de la consommation d’énergie, mais aussi un développement des énergies renouvelables ».
Un malaise quasi-général
Nicolas Hulot qui était l'un des acteurs principaux du processus depuis le premier jour, a quitté le groupe de travail du Grenelle. Parmi les associations écologistes restantes, le malaise est quasi-général. La plupart des écologistes se sentent trahis et très déçus par ce changement de cap, comme nous le confirme Anne Bringault :
« Depuis fin 2007, on a réalisé finalement que les engagements de Grenelle commençaient à être un petit peu rognés à la fois au sein des autres ministères, et puis ensuite au sein du Parlement, que l’on a commencé à prendre du recul par rapport à ce Grenelle. Et on est très critiques maintenant, sur les réalisations concrètes. Nous continuons à participer aux groupes de travail, mais c’est vrai qu’on y met pas un investissement très important ».
On ne doit toutefois pas s'attendre à de longs débats au palais Bourbon, car la nouvelle réglementation dite du « temps législatif programmé » prévoit seulement 30 heures de débats, et tout devrait être terminé d'ici la fin de la semaine.
Reste à savoir quel effet auront les manifestations devant l'Assemble nationale ce matin, suite à l'appel d'une douzaine d'associations écologistes.