Un sondage donne Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle de 2012

Un sondage, à paraître ce dimanche 6 mars 2011, donne pour la première fois Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle. La candidate du Front national obtiendrait 23% des voix, selon cette enquête réalisée auprès d'un échantillon de 1 618 personnes représentatif de la population française.

C'est un sondage aux allures de séisme : Marine Le Pen ferait encore mieux que son père qui, en 2002, avait fait trembler la classe politique en se qualifiant pour le second tour de l'élection présidentielle.

Selon l'enquête réalisée la semaine dernière, la candidate du Front national arriverait en tête au premier tour, devant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, avec 23% des intentions de vote. Nicolas Sarkozy et le Premier secrétaire du Parti socialiste seraient au coude à coude avec 21% des intentions de vote.

Ce sondage concrétise les craintes exprimées après l'annonce par Nicolas Sarkozy d'un débat sur l'islam. Au sein même de la majorité, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer les risques de l'exploitation d'un thème cher au Front national. « Les Français préfèrent l'original à la copie », avait coutume de répéter Jean-Marie Le Pen. Ce sondage semble lui donner raison. « C'est vrai qu'il y a une montée du Front national et le débat complètement absurde que M. Sarkozy veut lancer sur l'islam va dans ce sens là », explique l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius interrogé par RTL après l’annonce de la sortie du sondage.

« La stratégie de Nicolas Sarkozy fonctionne », a pour sa part commenté Razzy Hammadi, secrétaire national du PS qui a fait ses premiers pas en politique en tant que militant « anti-front ». Et sur l’antenne de RFI, il explique : « Cette stratégie consiste à faire monter le Front national avec les débats sur l’identité nationale ou l’islam afin de pouvoir espérer se retrouver face à Marine Le Pen au second tour, seule perspective qui permette sa réélection à la présidence de la République. »

« C’est un sondage un an avant le scrutin. Evidemment, les tenants du pouvoir sont toujours défavorisés parce que nous sommes confrontés à la réalité alors que Marine Le Pen ne l’est pas », pondère Bernard Debré, député UMP, également contacté par RFI. Et celui qui s’était publiquement opposé au débat sur l’islam ajoute : « C’est un signal extrêmement fort. Il faut resserrer les rangs au sein de la majorité, comprendre que les vrais problèmes des Français comme le chômage et l’insécurité doivent être traités. Il ne faut non pas oublier la crainte qu’ont les Français de voir, du fait des révolutions en cours, une immigration importante et non contrôlée issue du Maghreb et du Machrek. »

Indéniablement, l’image choc des Tunisiens qui ont débarqué dans la petite île de Lampedusa au sud de l’Italie a suscité une inquiétude chez les Français. « L’arrivée des Tunisiens suscite l’inquiétude d’un tiers des Français », confirme Jean-Daniel Levy, directeur du département politique opinion chez Harris Interactive, institut qui a réalisé l’enquête. Et il ajoute : « Il y a effectivement une crispation des Français à l’égard de l’islam. »

Interrogé sur l'attitude qu'adopterait l'UMP en cas de duels entre le Parti socialiste et le FN lors du second tour des cantonales, François Fillon répondait ce matin dans les colonnes du Figaro, avant d’avoir eu connaissance du sondage : « Je ne crois pas que cela se produise ». Et il ajoutait : « Pour ma part, mon attitude sera sans ambiguïté, nous n'avons pas à faciliter l'ascension du Front national. »

 

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