En promettant de «sanctionner» les «dysfonctionnements» graves de la justice dans l'affaire Laetitia, jeune femme assassinée fin janvier dans la région nantaise (Ouest), Nicolas Sarkozy a déclenché un mouvement d'humeur inédit chez les magistrats. Les propos du chef de l'Etat, le 3 février dernier, visaient les magistrats à l'origine de la remise en liberté du principal suspect.
Les tribunaux de Nantes, Quimper, Rennes, Besançon, Bayonne, ont déjà renvoyé sine die tous les procès... Les villes de Nancy, Metz, Caen, devraient se joindre au mouvement ce lundi 7 février. La hiérarchie judiciaire n'est pas en reste. Les procureurs, les présidents de Cour d'Appel expriment leurs vives préoccupations face aux propos du chef de l'Etat. Cette fin de semaine l'ensemble du monde judiciaire a reçu le soutien du Parti socialiste à commencer par André Vallini, député de l'Isère : «Nicolas Sarkozy devrait se méfier parce que à force de dire que la justice fonctionne mal, dans la mesure où il en est le garant, où il est au sommet de la hiérarchie de l’Etat, c’est lui le garant du bon fonctionnement de toutes les institutions, y compris de la justice».
A l'UMP, le parti présidentiel, on s'étonne de la violence des réactions, jugeant que les magistrats aussi doivent rendre des comptes comme l’explique Christian Estrosi député des Alpes Maritimes : «Je suis lassé par ce refrain tout le temps entonné par certains magistrats et qui consiste à dire ‘ce n’est pas de ma faute’ dès que l’on parle de responsabilité. L’indépendance de la justice ne veut pas dire irresponsabilité».
Une journée d'action nationale, avec manifestation à Nantes, est prévue jeudi 10 février. Du côté de la Chancellerie, le ministère de la Justice, on ne sait déjà plus comme éteindre l'incendie.