G20 : Nicolas Sarkozy dévoile sa stratégie

Le chef de l’Etat français a présenté, lundi 24 janvier 2011 à l’Elysée, les priorités de sa double-présidence du G8 et du G20. Nicolas Sarkozy entend poursuivre les efforts en matière de régulation financière et lutter contre la volatilité des prix des matières premières. L’autre priorité est l’instauration d’une taxe sur les transactions financières pour soutenir le développement.

Pour présenter sa stratégie, Nicolas Sarkozy a convié plus de 300 journalistes à une conférence de presse. C’est dire s’il accorde de l’importance au sujet car, depuis qu’il a été élu, Nicolas Sarkozy se prête rarement à l’exercice. Le chef de l’Etat français a expliqué qu’il abordait cette présidence avec « beaucoup d'humilité et en même temps d'ambitions ». Une présidence qu’il veut avant tout collégiale, des pays comme la Chine, la Russie, l’Allemagne et le Mexique vont être associés à tous les grands chantiers.

Les priorités de la présidence française

Premier objectif : la réforme du système monétaire international. « La France ne

souhaite pas revenir à un système de change fixe, ni remettre en cause le dollar qui joue un rôle éminent et doit être une monnaie forte », a expliqué Nicolas Sarkozy. Mais monnaie prépondérante ne veut pas dire monnaie unique. Selon le chef de l’Etat français, « l'émergence de nouvelles puissances économiques conduira inéluctablement à l'émergence de nouvelles monnaies  », avec à terme l’objectif d’un « élargissement » du rôle du Fonds monétaire international (FMI), à qui pourrait être confié « une mission de surveillance des flux de capitaux ». L’Allemagne, à la demande de la France, coprésidera avec le Mexique qui sera à la tête du G20 en 2012, un groupe de travail sur le système monétaire international.

Autre priorité de Nicolas Sarkozy : la lutte contre la volatilité des prix des matières premières. Partout sur les marchés mondiaux, les prix des principales denrées agricoles, blé, maïs, sucre et huile, se sont envolés. La France prône une plus grande transparence des marchés et la création de stocks d'urgence pour éviter que « l'aide humanitaire n'ait à acheter les denrées alimentaires au prix fort » lorsque leur cours flambe. Le président russe Dimitri Medvedev présidera un groupe de travail sur la régulation des prix agricoles.

Taxe financière : les ONG veulent des mesures concrètes

Sur la question de la régulation financière, l'objectif de la France est de faire en sorte que les décisions prises, notamment sur les taxes bancaires, l’encadrement des bonus ou sur les paradis fiscaux, lors des cinq précédents G20, soient mises en œuvre. Au cours de sa présidence, Nicolas Sarkozy veut également soutenir le développement des pays pauvres. La « taxe Tobin » sur les transactions monétaires pour financer l’aide aux pays pauvres refait donc surface. « La taxe sur les transactions financières a de grands ennemis mais c'est la meilleure des formules, pour trouver de nouvelles ressources pour financer les infrastructures et l'accès à l'énergie », a déclaré le chef de l’Etat français.

L’association altermondialiste Attac France et l’ONG Oxfam France ont salué l’engagement de Nicolas Sarkozy en faveur d’une telle taxe, mais demande au gouvernement des « propositions concrètes ». Et l’ONG Oxfam de rappeler qu’« une taxe de 0,05% sur les transactions financières pourrait générer 400 milliards de dollars par an ». Une liste de projets avec leurs financements devrait être présentée aux chefs d’Etat et de gouvernement du G20 lors du sommet de Cannes en novembre prochain. Dans le social toujours, la France a également évoqué la création d’un « socle de protection sociale universel », afin que les huit conventions de l’Organisation internationale du travail sur les droits fondamentaux du travail soient ratifiées par tous les membres du G20.

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