En France la condamnation de policiers ravive les tensions police-justice

C'est l'illustration de l'incompréhension entre le monde policier et judiciaire. Deux cents policiers ont manifesté pendant plusieurs heures, vendredi 10 décembre 2010, devant le tribunal de Bobigny qui venait de condamner 7 de leurs collègues à de la prison ferme. Des peines qui vont de six mois à un an pour avoir accusé à tort un automobiliste d'avoir renversé l'un d'eux. Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux prend la défense des policiers.

Les syndicats de policiers sont unanimes, de la prison ferme infligée à leurs collègues, c'est à leur yeux inadmissible. Yannick Danio du syndicat Unsa-police : « Il faut que la loi soit appliquée de la même façon. Que ce soit pour les policiers ou pour le citoyen lambda. C’est pour nous, policiers, du règlement de compte, ni plus ni moins ».

Pour Christophe Ragondet, du syndicat de police Alliance, il y a une vraie inquiétude chez les membres d'une profession où l'on prend des risques : « Les collègues s’inquiètent ! Demain, ça peut être n’importe lequel des policiers - dans une situation qui n’est pas claire, dans une situation difficile, de stress, de travail pénible – qui peut voir sa carrière s’envoler. Et en plus prendre de la prison ! Mais c’est normal que les collègues s’inquiètent ! »

A travers un communiqué, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux assure tout son soutien aux policiers. Ce qui a eu pour effet de provoquer la réaction indignée de Mathieu Bonduelle du syndicat de la Magistrature : « En démocratie, il y a un principe. Cela s’appelle la séparation des pouvoirs. Moi, je ne me mêle pas quotidiennement de ce que fait le cabinet de M. Hortefeux et je ne commande pas chacune de ses prises de position. M. Hortefeux, en tant que ministre de la République, devrait s’abstenir de commenter une décision de justice. On parle de faits très graves, et le moins que l’on puisse attendre d’un ministre, c’est qu’il se désolidarise de ce type de faits ».

Le parquet fait appel, il y aura donc un second procès.

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