« Le président de la République est le maître du temps » : de nombreux ministres et parlementaires de la majorité ont utilisé cette phrase pour rappeler qu’en matière de remaniement, il n’y a qu’une personne qui décide et qui décide quand elle veut : Nicolas Sarkozy.
Et le chef de l’Etat a tenu son calendrier annoncé jusqu’au bout pour bien marquer sa volonté de ne céder à aucune pression : ni celle des ministres déstabilisés par l’incertitude, ni celle des parlementaires obligés de subir la pression, ni celle de l’opposition ironique sur ce feuilleton politique sans fin, ni celle de l’opinion incrédule face à un jeu politicien souvent déconnecté de ses préoccupations. Nicolas Sarkozy avait dit que le remaniement aurait lieu après la réforme des retraites. Il a donc attendu la promulgation du texte avant de trancher finalement.
La fin de l’attente
Le suspense devrait donc prendre fin d’ici quelques jours. Après des semaines durant lesquelles la concurrence entre les premiers-ministrables a occupé les esprits, car c’est peut-être cela qui restera. En affirmant son intention de changer l’équipe gouvernementale plusieurs mois à l’avance, Nicolas Sarkozy a placé François Fillon et ses successeurs potentiels en position de rivalité feutrée d’abord, puis au fil du temps et l’échéance se rapprochant, en rivalité ouverte. Une situation totalement inédite.
Le duel François Fillon-Jean-Louis Borloo a ainsi été observé avec attention. Chaque parole et chaque action des protagonistes donnant lieu à une analyse sur leurs chances de remporter la mise. Les jeux ne sont pas faits et une surprise est toujours possible mais après une séquence favorable au ministre de l’Ecologie, le chef du gouvernement semble avoir repris la main en se déclarant candidat à sa propre succession. Et là encore, on n’avait jamais vu cela.
Préparer 2012
Si Nicolas Sarkozy a pris le temps de la réflexion, c’est certainement aussi pour faire le meilleur choix possible en fonction de son objectif, à savoir relancer la machine gouvernementale pour préparer la prochaine élection présidentielle en 2012. L’équipe devrait ainsi être resserrée et solide politiquement, une équipe de combat en quelque sorte avec le retour possible de poids lourds de l’UMP, tels Alain Juppé ou Xavier Bertrand. Ce dernier devrait d’ailleurs céder sa place de secrétaire général du parti majoritaire à Jean-François Copé. Car pour préparer 2012, Nicolas Sarkozy a aussi besoin d’une UMP en ordre de bataille.
Nicolas Sarkozy ne peut néanmoins s’en tenir à un simple jeu de chaises musicales. Après tant d’attente, il doit envoyer un signal fort sauf à perdre en crédibilité. Quel sera le signal ? A voir. Mais comme le disait Jean-Louis Borloo récemment : un remaniement, c’est un « choix politique ». Le choix de la continuité avec François Fillon, le virage social avec Jean-Louis Borloo ou, qui sait, un troisième choix plus inattendu. Mais quoi qu’il en soit, avec ou sans nouveau gouvernement, avec le même Premier ministre ou un Premier ministre différent, c’est le chef de l’Etat qui restera aux commandes. Il a d’ailleurs prévu de s’exprimer à la télévision après l’annonce du remaniement pour expliquer lui-même aux Français comment il entend mener son action jusqu’en 2012.