Dans la tentaculaire affaire Bettencourt, le procureur général de Versailles exige donc un changement complet de magistrats, car l'ouverture d'une information judiciaire entraîne de facto la désignation d'un juge d'instruction indépendant et met un terme à toute enquête préliminaire.
En effet, dans cette affaire, le tribunal de Nanterre est devenu le siège d'une véritable guerre des tranchées. D'un côté, le procureur Philippe Courroye, en charge de trois enquêtes préliminaires, l'une sur les enregistrements illégaux réalisés chez Liliane Bettencourt, une autre sur un soupçon de financement politique illégal, et une dernière pour atteinte à la vie privée. Face à lui, la juge Isabelle Prévost-Desprez enquête, dans le cadre du procès Banier, sur un soupçon d'abus de faiblesse.
L'inimitié entre les deux est telle que le procureur Courroye a tenté ces derniers jours de faire dessaisir la juge Prévost-Desprez, l'accusant d'informer la presse et ainsi de violer le secret de l'enquête.
Pour calmer le jeu, le procureur général de Versailles n'avait plus d'autre solution que de demander à la Cour de cassation de se prononcer en faveur d'un dépaysement total du dossier Bettencourt.
L'affaire devrait donc à l'avenir être suivie par un autre tribunal et, en délaissant le climat délétère qui règne au tribunal de Nanterre, la justice devrait y gagner en sérénité et en indépendance.