A la mi-journée, la place Beauvau comptabilisait déjà 500 000 participants à la centaine de défilés organisés ce mardi matin 12 octobre en régions, contre 380 000 le 2 octobre. Plusieurs villes ont connu une mobilisation record, à l’image de Toulouse où 145 000 personnes ont défilé selon les syndicats, 30 000 selon la police. A Paris la manifestation a rassemblé entre 89 000 et 330 000 participants selon les sources. C’est environ 30 000 personnes de plus que le 2 octobre.
Pour la première fois, des syndicats étudiants et lycéens avaient appelé à se joindre aux cortèges, et il semble qu’ils aient été entendus. Mais « cela ne suffit pas à expliquer l’augmentation du nombre de manifestants », selon le secrétaire général de la CFDT François Chérèque, pour qui de nombreux salariés du privé sont également descendus dans la rue. Le nombre de grévistes était quant à lui inférieur aujourd’hui à celui du 23 septembre dans la fonction publique et dans l’enseignement, mais il était en hausse à la SNCF, où la direction a compté 40% d’agents en grève, et à la RATP où ils étaient 17%. Côté transports aériens, 30% des vols ont été annulés à l'aéroport de Roissy, et 50% à Orly. Onze des douze raffineries françaises étaient en grève.
Le bras de fer se poursuit
Face à une mobilisation en hausse, le gouvernement reste ferme. « Nous sommes décidés à mener cette réforme à son terme », a affirmé le Premier ministre François Fillon à l’Assemblée nationale cet après-midi, précisant que le gouvernement était « au bout de ce qui était possible » en termes de concessions. Sa fermeté, l’exécutif l’avait déjà affiché en accélérant le parcours parlementaire du projet de loi : après le report de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans qui a été voté vendredi soir, les sénateurs ont voté lundi 11 octobre le passage de 65 à 67 ans de l'âge de départ à taux plein. L’ensemble du texte ayant déjà été voté par les députés.
Mais face à un gouvernement inflexible, les syndicats relèvent, plus que jamais, le défit du bras de fer. Une nouvelle journée de mobilisation est déjà prévue, samedi prochain. Mais d'ici-là, le vrai test sera celui de l'endurance des grévistes. Pour la première fois, les préavis de grève déposés pour ce mardi étaient pour certains reconductibles. Le mouvement a déjà été reconduit à la RATP, les cheminots eux se décideront lors d’assemblées générales, mercredi. Ce sera également le cas dans le transport maritime, dans le secteur de l'énergie ainsi qu'à La Poste et chez France télécom.
Les grandes centrales syndicales, qui n'ont jamais appelé à la grève reconductible, ont réaffirmé ce mardi qu’elles soutiendraient les salariés qui voudraient s’engager dans un mouvement sur le long terme. Selon deux sondages CSA et BVA, 6 Français sur 10 sont favorables à une montée en puissance des actions contre la réforme. Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a réaffirmé qu’il considérait qu’en restant sourd à la contestation, le gouvernement serait seul responsable en cas de radicalisation du mouvement.