Depuis la semaine dernière en effet, les préavis pour des actions reconductibles se sont multipliés. Et si les centrales syndicales refusent d'appeler à une grève illimitée, plusieurs fédérations ont indéniablement radicalisé leur mouvement.
C'est le cas dans les transports avec d'importantes perturbations prévues dans les chemins de fer, dans l'aérien et dans les transports urbains. Le trafic maritime sera également touché avec des appels à la grève reconductible dans tous les ports du pays.
Autre secteur concerné, celui de la chimie avec un mouvement qui se radicalise dans les raffineries et laisse planer un risque de pénuries de carburant localisées dans les jours qui viennent.
Des préavis déposés par les syndicats Energie vont engendrer des débrayages chez EDF et GDF avec des coupures ciblées sur certaines entreprises. La fonction publique ne sera pas non plus épargnée avec des grèves notamment à Pôle emploi et dans l'éducation nationale.
Les syndicats, qui ont déjà appelé à une nouvelle journée de manifestations samedi, comptent sur une forte mobilisation. Ils ont en tout cas le soutien d'une majorité de Français qui selon un dernier sondage approuvent à 66% un durcissement des actions contre le projet de réforme du gouvernement.
Les lycéens défileront aussi, à l'appel de leurs syndicats
Le collectif « Retraites, une affaire de jeunes », qui réunit une vingtaines d'organisations de gauche, a lancé un appel à l'action. L'argumentaire de l'UNL (Union nationale lycéenne, premier syndicat lycéen) est clair.
« Les lycéens aujourd’hui ne veulent pas se voir voler leurs droits à l’avenir comme le gouvernement prétend à le faire. Premièrement, il veut nous supprimer tout droit à avoir une pause après le travail. Ca, les lycéens s’y refusent. Et puis, un million de jeunes sont au chômage aujourd’hui et reculer l’âge à la retraite, ce serait créé encore un peu plus de chômage », déclare Victor Colombani, président de l'UNL.
Les jeunes sont bien conscients de l'inquiétude du gouvernement face au durcissement de la mobilisation lycéenne. En effet, plusieurs membres du gouvernement ont averti les jeunes qu'ils n'avaient « rien à faire dans la rue ».
Des propos que Victor Colombani interprète comme des signes de nervosité et qu'il condamne fermement : « Dire que les lycéens n’ont rien à faire dans la rue et doivent rester dans leur salle de classe, c’est ne pas permettre aux lycéens de s’exprimer. C’est en plus oublier complètement le rôle de l’école parce que l’école doit aussi permettre de former les futurs citoyens. Et si on refuse le droit fondamental de manifester et de s’exprimer, ce n’est pas une formation à la citoyenneté qu’on a à l’école ».
Plusieurs syndicats de lycéens appellent les jeunes à continuer la mobilisation tant que le gouvernement n'aura pas reculé sur son projet.
Si les grandes centrales syndicales n'ont pas appelé à la grève illimitée, elles assurent néanmoins qu'elles respecteront la décision des salariés qui se réuniront en assemblée générale ce mardi soir ou demain mercredi pour décider de reconduire ou non le mouvement.
Face à une possible radicalisation, le gouvernement a accéléré l'examen de la réforme au Sénat. Après le report de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans qui a été voté vendredi soir, les sénateurs ont voté hier lundi le passage de 65 à 67 ans de l'âge de départ à taux plein. Pour François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, ce n'est pas une raison pour penser que le combat est terminé...