A l'annonce de la peine, Jérôme Kerviel a accusé le coup ; il a rougi et s'est enfoncé dans son siège, visiblement accablé par cette sévérité. Trois ans de prison ferme et surtout des dommages et intérêts astronomiques de 4,9 milliards d'euros. Alors que sa défense avait plaidé la relaxe pour l'essentiel des faits.
Olivier Metzner son avocat a immédiatement indiqué qu'il faisait appel de ce jugement déraisonnable à ses yeux : « J’ai le sentiment que Jérôme Kerviel paie seul pour un système. Et je me souviens avoir plaidé que, un des plus grands économistes mondiaux, John Galbraith, avait déclaré à propos de la crise de 1929 que quand ça gagnait, personne ne voyait rien et que quand ca perdait, il fallait un coupable et un seul. Et aujourd’hui le seul coupable c’est Jérôme Kerviel ».
Un coupable, un seul, c'est la position du tribunal qui a déclaré Kerviel coupable des trois chefs retenus contre lui : abus de confiance, faux et usage de faux et introductions frauduleuses dans un système de données. Pour la justice, l'ex-trader a bien outrepassé son mandat à l'insu de la banque. Le président du tribunal a évoqué son sang-froid permanent, ses mensonges répétés et sophistiqués, son cynisme. Il estime même que Kerviel a porté atteinte à l'ordre économique mondial. Par conséquent il devra payer l'ardoise qui s'élève à 4, 9 milliards d'euros.
Une somme tellement irréelle qu'elle en devient un symbole reconnaît Jean Veil avocat de la Banque : « Oui mais les symboles sont importants en matière judiciaire et par conséquent voilà, c’est l’application du droit. Il eut été anormal que la condamnation fut inférieure. Je pense qu’il ne pourra jamais rembourser, sauf s’il fait fortune ! Bill Gates a fait fortune, il (Kerviel) peut faire fortune sur internet, on ne sait jamais! ».
Compte tenu de ses revenus, il lui faudrait 170 000 ans pour payer. Il faut plutôt voir dans ce jugement un message adressé aux spéculateurs indélicats, aux docteurs Folamour de la finance...