Jérôme Kerviel : une dette impossible à honorer

Jérôme Kerviel, l'ex-trader de la Société Générale est devenu le symbole des dérives de la finance mondiale. Il comptait sur son procès pour rétablir sa vérité et laver son honneur. Mais mardi 5 octobre 2010, il est ressorti du tribunal correctionnel de Paris accablé. Il a été reconnu coupable d'abus de confiance, de faux et d'usage de faux et d'introduction frauduleuse dans un système de données. Il est donc condamné à une lourde peine de prison, cinq ans dont trois ferme, et à des dommages et intérêts record : 4,9 milliards d'euros.

Cinq milliards d'euros : c'est le PIB (Produit Intérieur Brut) du Bénin. C'est aussi la valeur d'une vingtaine d'airbus A380. Pour Jérôme Kerviel, qui aujourd'hui gagne 2 000 euros par mois, cela correspond à 177 000 années de travail. Même virtuel, c'est pourtant bien le montant dont il doit s'acquitter.

Et c'est la loi qui est ainsi faite : lorsqu'une juridiction constate l'existence de faits frauduleux volontaires, elle condamne à rembourser l'intégralité du préjudice. Dans cette affaire, le préjudice, ce sont les pertes découlant des placements massifs et hasardeux de Jérôme Kerviel. L'ardoise est spectaculaire et s'élève à 4,915 milliards d'euros. Il ne s'agit pas d'une amende, d'ailleurs les textes n'en prévoient pas d'aussi lourdes, mais de dommages et intérêts.

La Société Générale n'a aucun espoir de récupérer les sommes perdues

Kerviel ayant fait appel, il ne paiera pas tout de suite. Mais dans l'hypothèse où il serait condamné une nouvelle fois en appel, il devra alors verser une large partie de son salaire à son ex-employeur et ce jusqu'à la fin de ses jours.

Même ainsi, la Société Générale n'a aucun espoir de récupérer les sommes perdues. Mais pour la banque, la signification est tout autre. Grâce à ce jugement, elle n'a plus à craindre les ennuis fiscaux, ni la colère des petits actionnaires.

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