Au lendemain de la forte mobilisation dans les rues contre le projet des retraites, le président Nicolas Sarkozy a annoncé des concessions. Il propose de mieux regarder le dispositif des carrières longues et la pénibilité du travail, demandant notamment aux entreprises de négocier des accords de branche. Il a notamment proposé d’abaisser à 10% le taux d’incapacité permettant aux salariés effectuant un travail pénible de continuer à partir à la retraite à 60 ans, contre 20% dans le texte actuel.
Nicolas Sarkozy a également indiqué que le dispositif « carrières longues » serait « maintenu et élargi ». Ce dispositif permet à toute personne ayant commencé à travailler très jeune, et ayant cotisé le nombre d’années requis, de partir en retraite à 60 ans, voire avant. Le président a, en revanche, exclu de revenir sur la mesure phare du projet de loi : le relèvement, de 60 à 62 ans, de l’âge légal du départ à la retraite.
Forte mobilisation
Pas sûr que ces quelques aménagements suffisent à désamorcer la contestation de la réforme des retraites. La CFDT a qualifié les nouvelles propositions de Nicolas Sarkozy de « bricolage » et pour Force Ouvrière, elles sont « insuffisantes ». La priorité pour les syndicats est d’entretenir la mobilisation de mardi jugée exceptionnelle. Ils se réunissent, ce mercredi, à Montreuil près de Paris, pour se mettre d’accord sur la suite à donner au mouvement. Une nouvelle journée de manifestions pourrait être organisée le 17 ou le 18 septembre.
Entre 1 million et 2,5 millions de Français sont descendus dans les rues, mardi 8 septembre 2010, pour dénoncer le projet gouvernemental, soit une mobilisation supérieure de 40% à celle du 24 juin dernier. Depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, c’est la journée d'action la plus réussie, aussi bien en termes de participation à la grève qu’en termes de manifestants.
Définitivement, le recul du départ de l’âge à la retraite de 60 à 62 ans, ne passe pas, pas plus que le report de 65 à 67 ans pour une retraite à taux plein. Pour le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, il est impossible que Nicolas Sarkozy reste sourd à la contestation : « ça va forcement le faire réfléchir, il n’y a aucun gouvernement qui peut minorer une manifestation de cette ampleur ».
Résignation et colère des Français
De récents sondages montrent que les Français sont résignés à travailler plus longtemps pour sauver leur système de retraite et pourtant ils sont descendus nombreux dans la rue. Parmi les manifestants il y avait aussi bien des salariés du public que des salariés du privé, alors que les régimes spéciaux ne seront concernés par cette réforme qu'en 2018.
Deux sentiments s'opposent : la résignation et la colère. Bruno Pallier, chercheur à Sciences Po et auteur d’un ouvrage sur la réforme des retraites explique ce paradoxe par « un écœurement des Français, lié à la multiplication des affaires ». Selon lui, « les affaires qui ont rythmé cet été sont venues s’additionner à cette réforme des retraites. Les Français éprouvent un fort sentiment d'injustice à l'égard de cette réforme, une injustice renforcée par l’affaire Woerth- Bettencourt ».
Ce mercredi 8 septembre en fin de journée, l'inter-syndicale réunie à Montreuil a décidé d'appeler à une nouvelle journée d'action le 23 septembre, FO et Solidaires exceptés.