Turquie: des coups de feu et une explosion en plein cœur d’Istanbul

A Istanbul, une explosion a retenti, mercredi 19 août, à proximité du palais ottoman de Dolmabahçe où se trouvent les bureaux du Premier ministre Ahmet Davutoglu. Il y a aussi eu des échanges de coups de feu. Un policier a été blessé. Deux hommes ont été arrêtés très peu de temps après l'assaut. L'attaque n'a pas encore été revendiquée.

Toute la zone a été bouclée par les policiers autour du palais de Dolmabahçe, situé sur les rives du Bosphore, côté européen de la ville, rapporte notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. C’est près de l’ancien palais du sultan ottoman, où se trouvent aujourd’hui les bureaux du Premier ministre lorsqu’il est à Istanbul, que les coups de feu ont été entendus. C’est aussi un lieu touristique très populaire.

Deux personnes ont attaqué les policiers en faction devant le bâtiment vers 14h40 locales. Il y a eu des coups de feu et une explosion. Les médias locaux ont annoncé l'arrestation très rapidement de deux assaillants dans un quartier adjacent au palais, près de la place Taksim, au cœur de la partie européenne d'Istanbul. Selon les autorités, ils portaient des grenades à la main et des armes automatiques ainsi que des munitions. lls auraient utilisé lors de la tentative d'attaque une grenade assourdissante, ce qui explique l’explosion entendue. Il ne s’agissait donc pas d’une bombe. Il n’y a d'ailleurs aucune victime, seulement un policier légèrement blessé.

Le DHKP-C, un groupuscule marxiste-léniniste

Les deux suspects ont déjà été transférés dans les locaux de la brigade antiterroriste à Istanbul. Le gouverneur de la région a très rapidement attribué cet assaut à un mouvement clandestin d’extrême gauche.  « L'organisation derrière cette attaque serait la même que celle qui a organisé des attentats contre les bureaux du parti au pouvoir, contre les bureaux de l'AKP », affirment les autorités d'Istanbul.

On évoque le DHKP-C (Front-parti de libération du peuple révolutionnaire) un mouvement a qui on attribue également l'attaque contre le consulat américain d'Istanbul le 10 août dernier. En revanche, la tentative d'attentat aujourd’hui contre le palais de Dolmabahçe n'a pas encore été officiellement revendiquée.

Le Front-parti de libération du peuple révolutionnaire est une organisation d’extrême gauche qui est issue de la gauche radicale turque des années 60 qui a repris du service depuis quelques années, explique Dorothée Schmid, spécialiste de la Turquie. Le DHKP-C commet régulièrement des attentats contre des symboles de ce qu’il considère comme l’oppression de l’Etat turc et en l’occurrence pas mal d’attentats sur des commissariats de police en Turquie.

« C’est un groupe révolutionnaire qui se bat pour la libération des opprimés en Turquie, poursuit Dorothée Schmid. Ce qui comprend à la fois le prolétariat, mais aussi toutes les minorités ethniques. Il peut y avoir aujourd’hui un lien avec le retour des frictions entre Kurdes et Turcs. Donc finalement tout ce qui peut être considéré de l’ordre d’une injustice sociale politique au sens large, et renvoyant à ce que cette organisation révolutionnaire marxiste-léniniste considère comme étant l’oppression de l’Etat turc, est compris dans le paquet de leur revendication. »

Huits soldats tués dans le sud-est

L'attaque de ce mercredi devant le palais ottaman survient plus d'une semaine après une série d'attentats qui ont ciblé Istanbul et le sud-est du pays.

Huit soldats ont été tués dans cette région ce mercredi dans l'explosion d'une bombe télécommandée à distance actionnée au passage d'une patrouille, dans une zone rurale du district de Pervari, dans la province de Siirt. Une attaque attribuée aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon l’armée. Conséquence, Ankara a bombardé avec son aviation des positions du PKK. Le gouvernement mène en ce moment des opérations dites antiterroristes dans la région qui ont donné lieu à plusieurs affrontements. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière contre l'armée turque depuis le lancement de l’offensive contre la guérilla kurde, le mois dernier.

Dans le même temps, la Turquie se prépare à un nouveau scrutin législatif. Le président l'a confirmé en milieu de journée mercredi, des élections auront lieu très prochainement. Et Recep Tayyip Erdogan ne cache pas son ambition : il espère que son parti islamo-conservateur retrouvera la majorité pour former seul un gouvernement. Avec à la clé une réforme de la Constitution qui lui permettra de renforcer ses pouvoirs.

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