Avec notre correspondant à Istanbul,Jérôme Bastion
De nouvelles zones dites « de sécurité spéciale », c'est-à-dire où la loi martiale est appliquée avec ordre de tirer à vue pour la police et l'armée comme le soulignait dimanche le président Erdogan, ont été décrétées ce lundi dans la province de Diyarbakir, dans les cantons de Lice et de Silvan. Dans le premier, il s'agit d'un couvre-feu simple pour la nuit, alors que dans le second cas, il s'agit d'une mesure décrétée jusqu'à nouvel ordre.
Comme dans la ville de Varto la veille, c'est la première fois depuis l'état d'urgence imposé dans les années 1990 à la dizaine de provinces kurdes que ce régime d'exception est imposé aux populations locales. Et elles ne le tolèrent que difficilement, tentant de s'opposer physiquement à cette interdiction de sortir et circuler. Un peu partout, à chaque fois que c'est possible, les villageois alentour tentent de s'interposer, de jouer les boucliers humains pour empêcher les opérations de ratissage de l'armée ou des forces spéciales de la police. Ce qui se termine parfois par des exécutions sommaires ou, à tout le moins, par des arrestations, comme dans la province d'Agri lundi.
Les partis CHP (social-démocrate, premier parti d'opposition) et HDP (parti pro-kurde) tentent également, par les voies légales, de faire lever ces mesures extraordinaires qui ne font qu'attiser l'escalade de la violence dans le sud-est. Pour l'instant sans succès.