Avant l'Eurogroupe, discours dissonant dans le couple franco-allemand

Selon des informations données par le Financial Times, Alexis Tsipras, qui doit s'exprimer publiquement ce mercredi, a écrit à ses créanciers qu'il serait prêt à accepter leurs réformes, mais contre de nouvelles conditions. Les ministres des Finances de la zone euro doivent tenir une nouvelle conférence par téléphone à 15h30 TU. Mais la lassitude est à son comble, et le couple franco-allemand ne parle désormais plus à l'unisson.

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• Ce matin, une énième missive d'Alexis Tsipras

La dernière en date - mais sûrement pas la dernière tout court - des propositions grecques envoyées ces dernières heures à la Banque centrale européenne, au Fonds monétaire international et à la Commission européenne, consiste à déclarer qu’Athènes accepte l’offre faite vendredi dernier par ces trois institutions, mais en assortissant cette acceptation d’exigences dérogatoires.

Le problème, c'est que ces dernières sont tellement hautes que l’on a du mal, à Bruxelles, à faire la différence avec l’amorce d’une nouvelle négociation. Ces exigences grecques portent sur le maintien d’une TVA à taux réduit dans les îles de la mer Egée et de la mer Ionienne, sur le report de plusieurs années de la prime venant compléter les retraites les plus faibles, et sur le renvoi à des temps meilleurs du passage à 67 ans de l’âge normal de départ à la retraite.

Même si en fin d’après-midi, les 19 ministres des Finances de l’Eurozone tiennent une conférence téléphonique pour en débattre, il semble difficile d'attendre un retournement de situation. D'après les instances européennes, il n'y a pas de justification valable pour les îles, il n’a jamais été question de s’attaquer aux petites retraites, et la refonte du système de retraites qui plombe le budget de l’Etat grec au-delà du raisonnable reste indispensable. Ici, la ligne reste donc inchangée : priorité aux économies chiffrées plutôt qu’aux recettes fiscales hypothétiques.

• Cet après-midi, le couple franco-allemand se fissure

« L'avenir de l'Europe n'est pas en jeu dans la crise grecque. » Déclaration signée Angela Merkel, ce mercredi 1er juillet devant le Parlement allemand. En réponse à la missive d'Alexis Tsipras, la chancelière a exclu toute solution à la crise avant le référendum de dimanche en Grèce. « Il n'est pas possible de négocier avant. Et par ailleurs, cela implique un vote du Bundestag », fait valoir Mme Merkel.

Problème de taille : François Hollande ne partage manifestement pas du tout ce point de vue, puisque pour le président français, « il faut être clair, l'accord, c'est tout de suite ! Attendre l'après-référendum pourrait entrainer un saut dans le vide. » Le président français s'est exprimé en marge d'une visite à Lyon, peu après la chancelière. « Comme Européen, je ne veux pas la dislocation de la zone euro », a-t-il ajouté, insistant sur le fait que puisqu'il y a des discussions « qui se prolongent », elles « doivent être menées jusqu'au bout ».

Ci-dessous, la déclaration d'Angela Merkel, mercredi 1er juillet 2015, devant le Bundestag à Berlin :

« La porte pour de nouvelles discussions avec le gouvernement grec a toujours été ouverte et le reste. Mais il faut aussi souligner qu'Athènes a rompu unilatéralement les négociations le week-end dernier. Et avec la fin hier soir du deuxième programme d'aide à la Grèce, les propositions qui étaient sur la table il y a quelques jours sont devenues caduques.

Nous attendons désormais le résultat du referendum de dimanche. Il n'est pas possible de négocier avant. Et par ailleurs cela implique un vote du Bundestag. Nous pouvons attendre dans le calme car l'Europe est forte, bien plus forte qu'il y a cinq ans au début de la crise de la dette. Les réformes des dernières années y ont contribué. Bien sûr, nous traversons des journées agitées. L'enjeu est de taille et le monde nous observe. Mais l'avenir de l'Europe n'est pas en cause. »

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